"L'opération a été reportée en raison de l'absence de garanties concernant la sécurité des évacués des deux villages de Foua et Kafraya", a annoncé le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, précisant que la suspension était due à l'attaque par des hommes armés d'une vingtaine de bus envoyés pour les évacuations.
Tenaillés par le froid et la faim
"Les évacuations sont momentanément interrompues", a confirmé Yasser al-Youssef, du groupe rebelle Nourredine al-Zinki, soulignant toutefois que l'incident en question "n'allait pas avoir d'impact sur la reprise de l'opération à une date ultérieure".
Toute la journée, des milliers de personnes attendaient agglutinées dans le froid dans le quartier d'al-Amiriyah, point de départ des premiers convois partis jeudi avant que l'opération ne soit suspendue par le régime le lendemain.
"Echange" de civils
En vertu d'un nouvel accord entre belligérants et leurs parrains russe, turc et iranien, des dizaines de bus étaient entrés en milieu de journée dans la ville d'Alep en vue de l'évacuation, "sous la supervision du Croissant-Rouge et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)", d'après les médias officiels.
Les troupes syriennes et leurs supplétifs avaient accepté leur départ en échange de l'évacuation d'habitants de deux villages chiites de la province d'Idleb (nord-ouest de la Syrie) encerclés par les insurgés.
Evacuation prévue de 1200 personnes
Selon la télévision d'Etat syrienne, 1200 civils devaient d'abord être évacués de la partie orientale d'Alep et un nombre équivalent des villages chiites Al-Foua et Kefraïa, situés pour leur part dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie.
Une fois les évacués des villages arrivés sains et saufs dans des zones gouvernementales, des insurgés d'Alep et des membres de leurs familles pourront quitter la ville, en échange du départ d'autres habitants d'Al-Foua et de Kefraïa.
Au moins 5 bus incendiés
Mais, aux abords d'Al-Foua et de Kefraïa, le correspondant de l'AFP a vu une vingtaine d'hommes armés s'attaquer à des bus qui se dirigeaient vers ces localités en vue de l'évacuation. Ils ont fait descendre les chauffeurs et ont mitraillé les véhicules mettant le feu au réservoir d'au moins cinq bus.
L'incident s'est produit après que cinq bus du convoi sont entrés dans les deux localités.
Confusion sur les auteurs
Une confusion régnait quant à l'identité des assaillants, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) invoquant des divergences entre le groupe djihadiste Fateh al-Cham (ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie) et l'influent groupe rebelle Ahrar al-Cham sur cette évacuation.
40'000 civils toujours bloqués
D'après l'ONU, près de 40'000 civils et rebelles sont encore bloqués dans les secteurs est de la ville.
Ces personnes sont bloquées depuis vendredi dans une poche rebelle de la deuxième ville de Syrie, conquise presque entièrement par le régime du président Bachar al-Assad après une violente offensive aérienne et terrestre qui a duré un mois doublée d'un siège hermétique depuis juillet.
Côté diplomatie, la Russie a annoncé dimanche qu'elle allait mettre son veto à un projet de résolution française aux Nations unies, qui prévoit l'envoi d'observateurs pour l'évacuation des civils à Alep.
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agences/rens/kkub
Plus de la moitié des infrastructures d'Alep ravagées
Plus de la moitié des infrastructures et des immeubles d'Alep ont été partiellement ou totalement détruits, notamment dans la partie Est, par les violents combats ayant ravagé la deuxième ville de Syrie durant quatre ans, a indiqué un responsable local.
"C'est un pourcentage optimiste des dommages", souligne le responsable.
L'évaluation préliminaire comprend les quartiers-Est repris à la rébellion et sécurisés par l'armée. "Plus de 70% des infrastructures" dans ces quartiers ont été endommagées, c'est-à-dire qu'ils sont totalement ou partiellement détruites, a-t-il précisé.