Ces migrants continuent de remonter l'Italie pour échouer à la frontière avec la Suisse. De quelque 250 personnes en moyenne autour de la gare de Côme durant l’été, ils sont désormais entre 450 et 480, auxquels s’ajoutent les requérants d’asile enregistrés. Environ 160 d'entre eux sont des mineurs non-accompagnés. Et leur espoir est toujours le même: franchir la frontière tessinoise.
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"Il y a des personnes qui tentent le passage trois à quatre fois dans la même journée, mais sans y parvenir" constate Mario Forlano, conseiller communal à Côme et président de l’association des ONG locales qui s’engagent pour les migrants. "Et cela prouve bien qu’ils ne sont pas organisés. Ils cherchent simplement à passer, de manière naïve. Puis ils reviennent…"
"Un flux qui ne s'arrête jamais"
Aujourd'hui, ce sont essentiellement de jeunes hommes originaires d’Afrique subsaharienne. "Il s’agit de mineurs et d’adultes. Ils essaient de rejoindre l’Allemagne en passant par la Suisse. Il y a donc un flux continu de personnes, qui ne s’arrête jamais, même avec des conditions météo difficiles et qui empirent. Et ce sera toujours comme ça", constate, impuissant, le prêtre Don Giusto Della Valle, figure de proue des militants pour la défense des migrants qui vient de se voir décerner une sorte de prix Nobel pour la paix régional.
Mais désormais la présence de ces migrants, loin de l’ambiance chic et feutrée du centre de Côme, est moins visible. "Ca nous arrange tous de mettre les gens dans un endroit à part, loin des yeux et loin du coeur. Lorsqu’ils bivouaquaient autour de la gare de Côme, ils étaient plus visibles, leur présence était plus provocatrice", poursuit Don Giusto Della Valle.
Gardes-frontière suisses montrés du doigt
La Suisse, elle, reste un rempart quasi infranchissable. "Le Corps des gardes-frontière doit respecter la loi suisse", tonne l’avocat tessinois Paolo Bernasconi, qui crie à l’injustice. "Il expulse les gens jour et nuit sans les amener auprès des services d'enregistrement de la migration suisse, ainsi que le prévoit la loi. C'est une illégalité constante!"
Ces migrants ont peu de droits et la peau noire, souligne encore Paolo Bernasconi. Et pour les gardes-frontière, la Suisse ne fait qu'appliquer les accords internationaux auxquels elle est tenue.
Nicole della Pietra/oang