L'année 2016 marque un record quant aux montants des aides directement accordées en espèces. Du CICR à la Chaîne du Bonheur, presque tous les acteurs du domaine sont en train de systématiser ce modèle - de quoi chambouler la manière de travailler des organisations humanitaires.
La pratique s'est développée à partir du tsunami de 2004 dans l'Océan indien. Cette année-là, les aides en espèces représentaient encore moins de 1% du total des dépenses humanitaires dans le monde.
En 2015, elles atteignaient 6% des budgets. Et les montants ont encore progressé en 2016, d'après les organisations contactées par la RTS. Au CICR par exemple, les transferts monétaires représentent désormais 8% environ du total des programmes d'aide.
Flexibilité et dignité
Les soutiens financiers sont spécialement adaptés à certains contextes. Ainsi, 80% des programmes de la Chaîne du Bonheur destinés aux déplacés et réfugiés du conflit syrien comportent des transferts monétaires. David Dandrès, chargé de projet à la Chaîne du Bonheur, détaille les avantages de ce modèle.
"L'habitude était de distribuer des kits aux familles après les catastrophes. Or, on s'est rendu compte que les familles sont de tailles différentes, avec des besoins différents. Leur offrir des moyens d'acheter ce dont elles ont besoin en priorité leur donne une plus grande flexibilité et une plus grande dignité."
Coup de pouce à l'économie locale
La mesure permet également d'économiser de l'argent sur les postes de logistique et de transport de marchandises, explique le responsable.
Et troisième avantage, "cela permet à une autre frange de la population de vendre ses produits, et donc de redémarrer l'économie du pays", détaille David Dandrès.
Désormais, seules les organisations axées sur une mission très spécifique, comme Médecins sans frontière, renoncent à ces aides en espèces.
Bouleversement dans le travail humanitaire
Les transferts d'argent bouleversent le système humanitaire. Il n'y a plus de colis, plus d'entrepôts, d'où une moins grande visibilité pour le travail des organisations. C'est donc la présence même de ces organismes sur place qui est à repenser.
Mathieu Cupelin/kkub