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Le suspect de Berlin, un délinquant tunisien devenu tueur djihadiste

Un caméraman tourne des images près des lieux où le suspect de Berlin a été tué par la police italienne le 23 décembre.
Un caméraman tourne des images près des lieux où le suspect de Berlin a été tué par la police italienne le 23 décembre.
Le principal suspect de l'attentat de Berlin a connu un parcours chaotique qui l'a mené au djihadisme. De petit délinquant et immigré clandestin, il s'est probablement radicalisé en prison avant de faire de l'Allemagne sa cible.

Quand la révolution tunisienne éclate et renverse en janvier 2011 Zine el-Abidine Ben Ali, Anis Amri a tout juste 18 ans. Sous le coup d'une condamnation par contumace de quatre ans de prison pour vol et cambriolage, il profite du désordre ambiant, comme des milliers de ses compatriotes, pour prendre la mer en mars et rejoindre la petite île italienne de Lampedusa. Il ment alors sur son âge pour être considéré comme mineur non accompagné et est transféré en Sicile.

>> Lire : Le principal suspect de l'attentat de Berlin a été abattu près de Milan

Outre sa condamnation, "Anis est aussi parti pour fuir la misère. Il n'avait aucun avenir en Tunisie et il voulait à tout prix améliorer la situation financière de notre famille qui vit sous le seuil de pauvreté comme la majorité des habitants de Oueslatia", dans le centre de la Tunisie, a raconté Abdelkader, son frère, interrogé par l'AFP.

Radicalisation en prison

En Italie, il bascule de nouveau dans la délinquance. Arrêté avec des amis pour avoir incendié une école, il écope de quatre ans de prison. Loin d'être un détenu modèle, il ne bénéficie d'aucune remise de peine. C'est sans doute dans l'un des pénitenciers par lequel il est passé qu'Anis Amri s'est radicalisé, selon la presse italienne, un phénomène devenu classique en Europe.

A sa libération, la Tunisie refusant de le reprendre, l'Italie lui ordonne de quitter le territoire et il rejoint en juillet 2015 l'Allemagne qui est alors au début du pic de la crise migratoire et verra arriver près de 900'000 migrants fuyant la guerre et la misère.

Très rapidement, policiers et procureurs remarquent cet homme qui gravite autour de militants djihadistes notoires. Lui-même se retrouve classé "individu dangereux" par les services spécialisés de la région de Rhénanie du Nord-Westphalie, dans l'ouest du pays.

Proche d'un prédicateur

Il est notamment en contact avec un ressortissant irakien de 32 ans considéré par les autorités comme un prédicateur lié au groupe Etat islamique (EI) de la mosquée de Hildesheim, un bastion salafiste.

Ce dernier a été arrêté en novembre avec quatre complices pour avoir monté un réseau de recrutement pour le compte de l'EI, selon le parquet fédéral allemand.

Le jeune Tunisien Anis Amri a aussi été observé par la police à plusieurs reprises quelques jours avant l'attentat de Berlin, entrant et sortant d'une mosquée radicale du quartier berlinois de Alt-Moabit, selon des médias.

Dossier classé sans suite

De mars à septembre dernier, Anis Amri a également été l'objet d'une enquête confiée au Parquet de Berlin pour "préparation d'un acte criminel grave représentant un danger pour l'Etat".

Concrètement, il était soupçonné de préparer un braquage pour acheter des "armes automatiques et probablement ensuite, avec l'aide de complices, de commettre un attentat". Les autorités savaient également qu'il disposait d'au moins une demi-douzaine d'identités et qu'il circulait librement avec celles-ci en Allemagne.

Malgré les filatures de la police, les investigations n'ont pas "pu confirmer les soupçons initiaux". L'affaire fut donc classée faute d'éléments suffisants et sa surveillance a cessé en septembre.

Petit dealer de Görlitzer Park

Selon le Parquet de Berlin, rien ne permettait de croire après ces mois de surveillance constante qu'il préparait un attentat. Il considérait plutôt avoir à faire à un adepte de la bagarre et à un petit dealer du Görlitzer Park de Berlin, un espace vert connu des consommateurs de drogues cherchant à s'approvisionner.

En novembre, le Land de Rhénanie recroise son chemin et le signale de nouveau au centre antiterroriste fédéral. Peu après, Anis Amri disparaît. Jusqu'à lundi dernier lorsqu'au volant d'un camion polonais volé, il fonce dans un marché de Noël du centre de Berlin, écrasant 11 personnes et abattant le conducteur, selon la police.

ats/jgal

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