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La nostalgie de l'URSS se porte bien, 25 ans après sa dissolution

Gorbatchev, quelques minutes avant son discours avant son discours à la télévision [Liu Heung Shing]
Mikhaïl Gorbatchev démissionnait il y a 25 ans jour pour jour / Le 12h30 / 1 min. / le 25 décembre 2016
Le dernier dirigeant de l'Empire soviétique Mikhaïl Gorbatchev démissionnait le jour de Noël 1991 alors que l'URSS était officiellement dissoute le 26 décembre. Aujourd'hui, une grande partie de la population affirme déplorer sa chute.

A la question "Regrettez-vous la chute de l'URSS?", 56% des personnes interrogées répondent oui, 28% non, et 16% ne se prononcent pas, selon un sondage réalisé en novembre par l'institut indépendant Levada.

"Le souvenir des pénuries et de la pauvreté a disparu chez les personnes âgées. Et l'image idéalisée de l'époque soviétique sert de comparaison pour critiquer la situation actuelle", relève la directeur de Levada, Lev Goudkov.

Transmission aux plus jeunes

La jeune génération, elle, a du mal à se faire une idée de ce qu'était l'Union des Républiques socialistes soviétiques, dirigée pendant plus de 70 ans par un parti unique (le parti communiste) à l'idéologie marxiste-léniniste, sans liberté politique ou religieuse, avec une répression qui a fait des millions de morts, fusillés, envoyés au Goulag ou exterminés par la faim.

"Les jeunes disposent d'une image très empreinte de nostalgie transmise par l'ancienne génération ou des clichés idéologiques véhiculés par la télévision", regrette Lev Goudkov.

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Désillusion de l'après-chute

L'image idéalisée de l'URSS peut-elle à elle seule expliquer cette nostalgie? Pour Eric Hoesli, professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne et à l’Université de Genève, les choses ne sont cependant pas si simples: "Entre la fin de cette dictature et aujourd'hui, la Russie en particulier a traversé une crise dont on peine à mesurer la force. Une crise qui l'a humiliée au plan international alors que beaucoup de citoyens espéraient, à la fin de l'URSS, pouvoir partager avec les autres la prospérité mais aussi une sorte de conduite du monde", explique-t-il à la RTS.

Une forme de désillusion se serait donc installée. Et c'est elle qui nourrirait aujourd'hui une mythification de l'ère soviétique: vingt-cinq ans plus tard, le régime communiste apparaît comme plus acceptable que cette période de crise.

kg avec agences

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Les grandes phases de la chute de l'URSS

Mikhaïl Gorbatchev devient, en mars 1985, le numéro un soviétique. Ses 56 ans font de lui un jeune apparatchik par rapport à la moyenne d'âge des dirigeants de l'URSS. Au pouvoir, il engage un vaste plan de réformes, la Perestroïka, pour sauver une économie secouée par la chute des prix pétroliers, la pénurie chronique de biens de consommation et une dette d'Etat croissante.

En mai 1989, la Hongrie ouvre sa frontière avec l'Autriche, première brèche dans le rideau de fer. Début juin, le syndicat anti-communiste Solidarnosc met fin à l'hégémonie du Parti communiste en Pologne après des élections semi-libres. Mikhaïl Gorbatchev laisse faire. A l'automne, les régimes communistes d'Europe orientale tombent un à un. Le 9 novembre, le Mur de Berlin s'effondre, puis la Tchécoslovaquie fait sa Révolution de velours et la Roumanie exécute son dirigeant stalinien, Nicolae Ceausescu. Le bloc socialiste n'est plus.

En 1990, des républiques de l'URSS manifestent leurs velléités d'autonomie. En juin, la Russie, la plus grande d'entre elles, proclame sa souveraineté sous l'impulsion de Boris Eltsine, grand adversaire politique du président de l'Union soviétique. Neuf républiques soviétiques déclarent leur indépendance en août et septembre.

Le 8 décembre, les dirigeants russe, ukrainien et bélarusse signent un traité mettant fin à l'URSS. A Noël, Mikhaïl Gorbatchev démissionne. Le 26 décembre, la dissolution est effective.

>> Ancien correspondant radio en URSS puis en Russie, Patrick Chaboudez revient sur ces événements: