Ces autorités locales ont utilisé à près de 3000 reprises les outils de surveillance mis à leur disposition par la législation, tels que des dispositifs d'écoutes, des caméras de surveillance et des détectives privés, révèle dimanche le Guardian.
Le district anglais d'Allerdale a ainsi surveillé les aboiements des chiens de la région, alors que la ville écossaise de Midlothian a épié des administrés soupçonnés de nourrir illégalement des pigeons.
Chenils et déchetteries sauvages
Parmi les autres exemples cités figurent des enquêtes sur des chenils illégaux, des bénéficiaires de l'aide sociale se disant parents célibataires ou des déchetteries sauvages.
La loi sur la surveillance mise en place par le gouvernement britannique en 2000 avait pour but de protéger les citoyens de menaces graves comme le terrorisme, rappellent ses détracteurs. Depuis les abus révélés par le Guardian, la législation a cependant été modifiée, nécessitant des soupçons d'activité criminelle pour être utilisée.
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Deux-tiers des autorités locales épinglées
Les révélations du Guardian se basent sur des informations obtenues par les libéraux-démocrates à la suite d'une demande de transparence auprès des municipalités. Deux-tiers des autorités locales qui y ont répondu ont utilisé la législation sur les pouvoirs d'enquête, la Regulation of Investigatory Powers Act (Ripa). Au total, 55'000 jours de surveillance ont été comptabilisés sur cinq ans.
"Il existe un risque important que les autorités utilisent ces pouvoirs d'une manière que le Parlement n'avait pas prévue", a réagi le libéral-démocrate Brian Paddick dans les colonnes du quotidien britannique, appelant à une meilleure supervision de ces outils.
Contexte tendu en matière de surveillance
Ces révélations surviennent alors qu'une nouvelle loi donnant des pouvoirs de surveillance très étendus à la police et aux services de renseignement a été adoptée par le Parlement britannique en novembre dernier.
Avec ce nouveau Investigatory Powers Act, les services de renseignement pourront par exemple exiger d'un site internet qu'il leur fournisse l'historique des consultations de n'importe quel utilisateur. Ils pourront également être autorisés à pirater des ordinateurs ou des mobiles avec des mandats.
Lancé par Theresa May alors qu'elle était encore ministre de l'Intérieur, le projet a été surnommé "la charte des fouineurs" par ses critiques.