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Que proposent les sept candidats à la primaire de gauche en France?

De gauche à droite, de haut en bas: Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate), Benoit Hamon (PS), Arnaud Montebourg (PS), Vincent Peillon (PS), Sylvia Pinel (Parti radical de gauche), Francois de Rugy (Ecologistes!) et Manuel Valls (PS). [AFP - Joël Saget]
De gauche à droite, de haut en bas: Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate), Benoit Hamon (PS), Arnaud Montebourg (PS), Vincent Peillon (PS), Sylvia Pinel (Parti radical de gauche), Francois de Rugy (Ecologistes!) et Manuel Valls (PS). - [AFP - Joël Saget]
Six hommes et une femme participent jeudi soir au premier débat de la primaire organisée par le parti socialiste français les 22 et 29 janvier, en vue de la présidentielle. Le point sur leurs propositions phares.

Deux candidats majeurs de la primaire organisée par le PS, Manuel Valls et Vincent Peillon, ont dévoilé les grandes lignes de leurs programmes respectifs le 3 janvier, moins de trois semaines avant le premier tour de l’élection. Ces deux anciens du gouvernement de François Hollande tentent chacun de se différencier l'un de l'autre et de se distancier, sans le renier, du bilan du président sortant.

- Manuel Valls:

Plutôt que de présenter un catalogue de mesures, Manuel Valls a mis l'accent sur quelques propositions marquantes de son programme, résumées par le slogan "une République forte, une France juste". Il a insisté notamment sur sa volonté de réformer profondément l'Europe, proposant une "conférence de refondation" afin de "protéger les Européens à l'heure de la mondialisation".

Manuel Valls a appelé de ses voeux un "sursaut citoyen" et prévoit pour cela l'instauration d'un service civique obligatoire de 6 mois pour les jeunes. L'ex-chef du gouvernement propose encore la mise en place d'un "revenu décent", qui résulterait de la fusion des minima sociaux et de la création d’un revenu d’autonomie pour les jeunes adultes, afin de "redonner du pouvoir d’achat" aux Français. Il vante la promotion d'une "Nation éducative" et promet d'éradiquer les inégalités hommes-femmes.

- Vincent Peillon:

Le programme de l'eurodéputé, lui, s'articule autour de quelques grands axes, notamment la modernisation des institutions, l'affirmation d'une stratégie européenne et la préparation de l'avenir. Sans surprise pour un ancien ministre de l'Education, son programme accorde une grande importance à l'éducation et à l'enseignement supérieur, avec la création promise de 8000 postes d’enseignants supplémentaires sur cinq ans.

Vincent Peillon souhaite un "new deal européen", avec le déploiement d’un plan de relance et d’investissements de 1000 milliards d'euros pour financer des secteurs d’avenir. Sur le plan des institutions, le candidat plaide pour que l’Assemblée nationale soit élue au scrutin proportionnel dans "les grandes régions" et que des comités citoyens soient composés pour veiller à la bonne application des lois. Pour ce professeur de philosophie, la solidarité devrait se traduire par un "bouclier fiscal" (plafonnement de l'impôt), non pour les plus riches, mais "pour les plus modestes".

Vincent Peillon et Manuel Valls partagent les mêmes idées sur plusieurs points: tous deux proposent de porter le budget de la défense à 2% du PIB, plaident pour la création de postes au sein des forces de l'ordre et souhaitent limiter dans le temps le cumul des mandats pour les élus. Au niveau européen, les deux candidats sont favorables à une "pause" dans le processus d’élargissement de l’UE.

Les frondeurs, à la gauche du PS

Contrairement à Vincent Peillon et Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon construisent leur campagne précisément sur la dénonciation du bilan de François Hollande, dont ils avaient tous deux quitté le gouvernement en 2014 en raison de désaccords politiques. Ces frondeurs se situent à la gauche du Parti socialiste et leurs programmes comportent quelques similitudes.

- Arnaud Montebourg:

Dans son programme mis en ligne le 27 décembre, Arnaud Montebourg énumère "plus de 70 propositions" parmi lesquelles il relève "20 propositions-clés". Farouchement opposé à "l’austérité aveugle", il propose notamment l'abrogation de la loi sur le travail, passée en force l'été dernier par le gouvernement Valls qui avait fait usage de l'article 49.3 (un article permettant au gouvernement d'adopter une loi sans passer par le Parlement).

De manière générale, le chantre du "Made in France" souhaite une gouvernance plus participative au sein des institutions et des entreprises: faire entrer les salariés dans les conseils d'administration ou tirer des citoyens au sort pour exercer des fonctions de contrôle au Sénat. L'ancien ministre de l'Economie veut chambouler les institutions de la Ve République, en proposant "dès l’été 2017" un "référendum sur une nouvelle République" et en donnant "au référendum d'initiative populaire une force contraignante", à l'exemple de la Suisse.

Arnaud Montebourg veut encore "encadrer les salaires des patrons en les obligeant à augmenter les salaires de leurs employés s’ils souhaitent augmenter le leur", lutter contre l'"ubérisation" du travail, créer 5000 postes dans les hôpitaux et mettre en place un parquet national antiterroriste.

- Benoît Hamon:

Si les deux candidats se rejoignent sur certains points, c'est surtout le monde du travail que le programme de Benoît Hamon veut révolutionner. Comme Arnaud Montebourg, l'ancien ministre veut abroger la loi sur la travail qu'il a toujours honnie. Il propose de réduire le temps de travail et de taxer les robots intelligents pour que la robotisation de la société profite aux finances publiques.

Le candidat défend surtout l'instauration d'un revenu universel de 750 euros par mois pour tous les citoyens majeurs, qu'ils travaillent ou non. Ce revenu de base devrait, selon son défenseur, "donner à chacun la liberté et le pouvoir de travailler moins sans réduire ses revenus". Il serait couvert par des "fusions ciblées" avec les minima sociaux, les aides au logement et les prestations familiales, ainsi que par l'argent dégagé par la lutte contre les niches fiscales et l'évasion fiscale.

Au niveau institutionnel, Benoît Hamon veut lui aussi passer à une "VIe République". Contrairement à Arnaud Montebourg, qui souhaite la suppression pure et simple du "49.3", Benoît Hamon prévoit d'instaurer un "49.3 citoyen" qui permettrait à 1% des électeurs de demander l'examen ou la suspension d'une loi.

Pauline Turuban

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Les candidats moins médiatiques

Sylvia Pinel a exposé son programme le 5 janvier. La présidente du Parti radical de gauche (PRG) a dit être consciente qu'elle ne gagnerait pas la primaire, mais souhaite peser dans les débats avec quelques propositions clés: droit de vote des étrangers aux élections locales, procréation médicalement assistée pour toutes les femmes, droit à l’euthanasie, légalisation du cannabis...

Le président du Parti écologiste François De Rugy a présenté son programme le 16 décembre. Le député de Loire-Atlantique a dévoilé 66 propositions concernant l’écologie, l’économie, le champ social ou encore la sécurité. Son principal objectif: obtenir une "production d’électricité à 100% d’énergie renouvelable d’ici à 2050".

Le programme porté par Jean-Luc Bennahmias relève davantage de convictions que de propositions précises. Lucide sur ses faibles chances de remporter la primaire, il mise lui aussi sur cette élection pour donner de la visibilité à ses idées -qu'il partage d'ailleurs avec d'autres candidats : instauration du revenu universel, légalisation du cannabis, transition vers une économie durable, référendums d’initiative populaire, service civique mixte et obligatoire, etc.

Calendrier et mode d'emploi des primaires

Trois débats télévisés sont prévus, les 12, 15 et 19 janvier, avant le premier tour du 22 janvier. Un débat entre les deux finalistes aura lieu le 25 janvier, à quatre jours du second tour. Le candidat sorti vainqueur de ces "primaires citoyennes" sera investi le 5 février.

Tous les Français inscrits sur les listes électorales, les mineurs en âge de voter en avril 2017, ainsi que les étrangers et mineurs d'au moins 16 ans adhérents aux partis co-organisateurs de l'élection pourront voter les 22 et 29 janvier. Les Français de l'étranger pourront également prendre part à ce scrutin en ligne, s'ils étaient inscrits sur une liste électorale consulaire avant le 31 décembre 2015 -et à condition de s'être pré-inscrits sur le site web de la primaire avant le 30 décembre 2016.

Les votants devront s’acquitter d’un euro par tour et signer une charte affirmant qu'ils se reconnaissent "dans les valeurs de la gauche et des écologistes".