Lors de la récupération des corps de migrants en Méditerranée, le processus de leur identification n'est pas systématique. Les cadavres sont souvent enterrés anonymement ou laissés au fond de la mer: "Il y a des dizaines de milliers de victimes, et près 60% de corps non identifiés. Jusqu'à maintenant personne n’a rien fait pour faciliter ce travail d’identification", regrette Cristina Cattaneo, professeur à l'institut de médecine légale de l'Université de Milan.
Laboratoire mobile
Questionnée par l'émission Mise au Point, la spécialiste explique avoir créé un laboratoire mobile pour identifier certaines de ces personnes. Son équipe se concentre actuellement sur une centaine de cadavres retrouvés en 2015: "C’est un désastre qui dure depuis des années. Et contrairement à d’autres désastres, rien n’est fait. Aucun argent n’est investi, tout ce travail est fait gratuitement par l'université. Ceci ne peut pas durer", déplore-t-elle.
Tout le travail (d'identification des corps) est fait gratuitement par l’université
L'an dernier, plus de 5000 migrants ont péri en tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l'Italie, la Grèce, Chypre et l'Espagne, selon des chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) publiés le 6 janvier.
hend avec François Ruchti
Bateau fantôme
En juin 2014, un bateau avec 244 personnes à bord qui devaient rejoindre l’Italie depuis la Libye a disparu en Méditerranée. Aucun corps et aucun témoin n'ont été détectés par les gardes-côtes. Le mystère demeure total.
Une vingtaine de familles en Suisse ont perdu un proche dans cette tragédie. L'émission Mise au Point a suivi les recherches de Michael, qui a perdu son frère: "Le 26 juin, j’ai téléphoné à mon frère vers 1h30 du matin. Il m’a dit que la traversée vers l’Italie était prévue pour le lendemain ou le surlendemain, selon les passeurs".
Depuis, il n’a plus de nouvelle. Le bateau n'a pas été détecté ni recherché d'ailleurs. Il faut dire que la priorité des sauveteurs durant ces deux jours du mois de juin était centrée sur 5000 migrants qui ont pu être sauvés. Or, aucun passager du navire fantôme n’en faisait partie.