Ciblé pour ses caricatures du prophète Mahomet, Charlie Hebdo devient un symbole de la liberté d'expression pour des millions d'internautes. Le slogan "Je suis Charlie" devient viral et se traduit par une explosion des ventes.
Une hausse qui n'a toutefois pas tenu sur la durée. Si juste après les attentats le journal vendait 380'000 exemplaires et pouvait compter jusqu'à 260'000 abonnés (en février 2015), il en écoule aujourd'hui dans les kiosques entre 50'000 et 100'000 par semaine pour un total de 50'000 abonnés.
Développement permis par les nouveaux fonds
Ces chiffres restent cependant bien supérieurs à ceux enregistrés avant le 7 janvier 2015, quand Charlie Hebdo vendait en moyenne 30'000 journaux pour 10'000 abonnés.
L'argent frais a notamment permis au journal satirique de développer son site internet, désormais partiellement traduit en anglais, et de lancer une version papier en Allemagne.
Pactole réinvesti pour la sécurité
Après l'attaque de ses locaux parisiens, la rédaction avait déménagé, hébergée tout d'abord par le quotidien Libération. Charlie Hebdo a ensuite posé ses valises dans un lieu gardé secret aux allures de bunker. Les 12 millions d'euros gagnés avec le numéro post-attentat ont majoritairement servi à sécuriser les lieux.
Grilles, gardes armés, interphones, gilets pare-balles et vitres blindées: le réalisateur italien Francesco Mazza, un des rares visiteurs des nouveaux locaux, a décrit l'ambiance de travail tendue chez Charlie Hebdo dans les colonnes de Libération.
Un investissement nécessaire, selon l'avocat du journal Christophe Thévenet, car les menaces de mort "continuent d'affluer" et plusieurs collaborateurs vivent désormais sous escorte.
Stefan Renna
Plusieurs départs de la rédaction, l'argent en cause?
Depuis 2015, le caricaturiste Riss détient 67% du journal et Eric Portheault 33%. La direction de Charlie Hebdo avait promis d'ouvrir le capital aux salariés, mais cela n'a toujours pas été fait. En mars 2015, onze salariés avaient réclamé que le capital soit ouvert à tous les employés.
Trois de ces dissidents (Luz, Patrick Pelloux, Zineb El Rhazoui), dont la demande n'avait pas été prise en compte, ont depuis quitté le journal.