"Les groupes armés accentuent leur présence et leur transnationalisme dans un espace comme le Sahel", explique à Géopolitis Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou, professeur à l'IHEID et directeur adjoint au Centre de Politique de Sécurité à Genève.
Les mouvements djihadistes comme Aqmi, le Mujao, Ansar Dine ou Boko Haram intensifient leur présence dans la région, face à des Etats faibles et incapables d’administrer les vastes étendues de leurs territoires. "Ces mouvements qui se forment dans des logiques locales, régionales (...) ont une vision de plus en plus planétarisée. Et ils font le lien avec les grands groupes, au départ Al-Qaïda, puis son successeur l'Etat islamique", précise Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou.
Un carrefour d'instabilité
Le Sahel s'étend sur un territoire immense de trois millions de kilomètres carrés, à cheval sur la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad, le Soudan et dans une moindre mesure, le nord du Nigéria, le Burkina Faso, l’extrême sud de l’Algérie et le Sénégal.
Géographiquement bien défini, l’espace du Sahel est bien plus difficile à délimiter sur le plan géopolitique. Ce territoire se situe au carrefour de nombreuses crises qui se déversent au-delà des frontières des Etats. Une situation qui profite aux djihadistes et aux groupes mafieux qui se livrent à toutes sortes de trafics: armes, drogue, cigarettes et même êtres humains.
Le chaos libyen, un déversoir
Le professeur Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou évoque aussi le rôle de la crise libyenne dans le contexte insécuritaire de la bande sahélienne.
"Intervention militaire internationale, crise et rôle des milices se sont retrouvés du jour au lendemain dans une région littéralement voisine", résume-t-il. Effondrement du régime Kadhafi, pillage des casernes militaires et insécurité chronique sont venus alimenter cette logique de déversement dans toute la région sahélo-saharienne.
Mélanie Ohayon, David Nicole