L'ancien Premier ministre Manuel Valls affrontera en position de faiblesse au second tour de la primaire socialiste l'outsider Benoît Hamon, représentant de l'aile gauche du parti arrivé en tête du premier tour dimanche, à moins de cent jours de la présidentielle française.
Ancien ministre de l'Education, Benoît Hamon, 49 ans, obtient 36,3% des voix contre 31,1% pour Manuel Valls, selon des résultats quasi définitifs.
Les électeurs de gauche ont voté par conviction et pas par résignation.
"Les électeurs de gauche (...) ont voté par conviction et pas par résignation, sinon ils ne m'auraient pas placé en tête", a indiqué Benoît Hamon face à la presse. Et de poursuivre: "J'entends bien être à la hauteur de cet engagement, il s'agit maintenant d'amplifier la mobilisation qui s'est opérée lors de ce premier tour, de lui donner davantage de force".
Valls se pose en candidat de "la victoire possible"
De son côté, Manuel Valls a affirmé que rien n'était écrit pour le second tour. "Un choix très clair se présente à nous: le choix entre la défaite assurée et la victoire possible, le choix entre des promesses irréalisables et infinançables et une gauche crédible qui assume les responsabilités du pays", a expliqué l'ex-Premier ministre, fustigeant le programme de son adversaire.
Montebourg se range derrière Hamon
Comme en 2011, le chantre du "Made in France" Arnaud Montebourg a été distancé avec 17,7% devant Vincent Peillon (6,8%) et les trois autres candidats. Il a invité ses partisans à voter pour Benoît Hamon au second tour, en égratignant au passage le deuxième finaliste.
"Avec Benoît Hamon, nous avons combattu ensemble dans le gouvernement les politiques social-libérales aujourd'hui désavouées par les électeurs de la primaire", a notamment déclaré Arnaud Montebourg dès que sa défaite a été claire.
Participation moyenne
Entre 1,5 et 2 millions de personnes ont participé à ce scrutin. En 2011, le premier tour de la primaire socialiste avait attiré quelque 2,6 millions d'électeurs. La primaire de la droite en novembre dernier avait, elle, réuni quelque 4,3 millions de votants.
"C'est un résultat satisfaisant compte tenu du contexte difficile dans lequel se sont déroulées ces primaires", a estimé Thomas Clay.
agences/kg/jvia
Un sondage donne Hamon ou Valls nettement distancés à la présidentielle
Le candidat socialiste quel qu'il soit, Benoît Hamon ou Manuel Valls, serait nettement distancé au premier tour de l'élection présidentielle, toujours dominé par Marine Le Pen, selon un sondage Ipsos Sopra steria diffusé dimanche.
Dans l'hypothèse d'une candidature de Manuel Valls, l'ex-Premier ministre recueillerait 9% (-1) d'intentions de vote, loin derrière la présidente du Front national (27%, +2), François Fillon (25%, +1), mais aussi Emmanuel Macron (18%, -1), en légère baisse, et Jean-Luc Mélenchon (15%, stable).
Si Benoît Hamon, l'autre finaliste de la primaire organisée par le PS, l'emporte le 29 janvier, il se classerait également en 5e position au premier tour de la présidentielle, avec 8% (+1) d'intentions de vote, selon cette enquête pour France2. L'ex-ministre serait devancé par Marine Le Pen (27%, +1), François Fillon (26%, +1), Emmanuel Macron (20%, -1) et Jean-Luc Mélenchon (13%, -1).
Un débat télévisé décisif programmé mercredi
Les finalistes s'affronteront mercredi lors d'un débat télévisé crucial. Le vainqueur de cette primaire n'est toutefois de loin pas assuré d'être au second tour de la présidentielle, tant la campagne est dominée par la droite et l'extrême droite, avec en plus les candidatures des populaires Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
Dans la campagne, les deux candidats se sont positionnés de part et d'autre du Parti socialiste - Benoît Hamon s'affirmant comme le plus à gauche des candidats et Manuel Valls le plus à droite -, montrant l'importante polarisation de ce vote.
Les désaccords entre les deux hommes ont constitué le coeur du deuxième des trois débats télévisés, avec l'idée de la mutation et de la raréfaction du travail chez Benoît Hamon, apôtre d'un revenu universel, face à un Manuel Valls se présentant en défenseur de la valeur travail, qui compte en particulier défiscaliser à nouveau les heures supplémentaires.
Une fracture était également apparue sur un autre thème: la politique menée par le gouvernement de Manuel Valls pour répondre à la crise des migrants, pas à la hauteur des valeurs de la France selon Benoît Hamon, et conforme aux voeux des Français selon l'ancien Premier ministre.