Territoire de près de 18 millions de kilomètres carrés, soit sept fois la mer Méditerranée, l'Arctique est un espace hostile fait de glace, de terres arides et d'un vaste océan. Les pays limitrophes, Etats-Unis, Canada, Russie, Norvège et Danemark (via le Groenland) se partagent ce territoire en vertu du droit maritime international. Des frontières que ces puissances se contestent, car l'Arctique concentrerait une part importante des richesses énergétiques encore inexploitées de la planète, selon l'Institut de géophysique américain, soit 13% des réserves pétrolières et 30% des réserves en gaz. Ce potentiel est d'autant plus attractif que la fonte des glaces ouvre de nouvelles voies maritimes sur certaines régions arctiques jusqu'ici difficilement accessibles.
Cette nouvelle donne bouleverse les enjeux de pouvoir dans la région. Les revendications portent essentiellement sur les zones économiques exclusives des pays riverains, qui s'étendent en principe jusqu'à 200 milles marins (environ 370 km) depuis la côte. Mais un Etat côtier peut demander une extension de cette zone (150 milles au maximum) si son territoire se prolonge sous la mer par un plateau continental. Canada, Danemark et Russie se disputent ainsi la dorsale de Lomonossov, les trois pays tentant de prouver que cette immense chaîne de montagnes sous-marines est l'extension de leurs plateaux respectifs.
La difficile exploitation du pétrole au pôle Nord
L'Arctique est-il un nouvel eldorado pour l'exploitation des ressources énergétiques? "Pour le gaz, oui", affirme dans Géopolitis le spécialiste en relations internationales et auteur de "Géopolitique de l'Arctique" Thierry Garcin. Concernant le pétrole en revanche, "cela n'est pas très prometteur", les assureurs exigent des contrats exorbitants, assure celui qui anime depuis 33 ans "Enjeux internationaux" sur les ondes de France Culture: "Il y a quelques années, Total a renoncé à explorer et exploiter du pétrole en Arctique à cause des risques de marée noire. Ils ont été très échaudés par ce qu'il s'est passé en 2010 avec BP dans le Golfe du Mexique, où ils ont mis six mois en eaux tempérées et avec tous les secours possibles à essayer de mettre un bouchon sur la fuite", explique-t-il.
Un mois avant de quitter la présidence des Etats-Unis, Barack Obama a décrété pour sa part une interdiction de forage pour les hydrocarbures en sanctuarisant des milliers d'hectares maritimes en Atlantique et en Arctique appartenant aux Etats-Unis. Mais son successeur à la Maison Blanche Donald Trump est un climatosceptique convaincu, qui pourrait tenter de défaire les ultimes ambitions écologistes de l'ex-président démocrate. Il vient d'ailleurs de relancer deux projets d'oléoducs mis à l'arrêt sous l'administration Obama, âprement combattus par une communauté amérindienne et des associations écologistes.
Mélanie Ohayon
Radars russes et américains aux aguets en Arctique
La capacité des radars est plus affûtée en terres arctiques, explique par ailleurs le spécialiste en relations internationales Thierry Garcin.
"Certaines armes anti-missiles américaines sont installées à très hautes latitudes, Alaska et autres, parce qu'elles peuvent atteindre plus facilement leurs cibles".