"Je voudrais simplement dire que je suis scandalisé par le mépris et la misogynie de cet article", a réagi mercredi François Fillon, au lendemain de révélations du Canard enchaîné sur des emplois présumés fictifs de son épouse Penelope.
En marge d'un déplacement à Bordeaux, le candidat de la droite et du centre à la présidentielle a ajouté: "Alors parce que c'est mon épouse, elle n'aurait pas le droit de travailler? Imaginez un instant qu'un homme politique dise d'une femme, comme le fait cet article, qu'elle ne sait faire que des confitures, toutes les féministes hurleraient. Voilà ce que j'ai à vous dire", a-t-il ajouté.
Emplois fictifs?
Selon Le Canard enchaîné de mercredi, Penelope Fillon a perçu environ 500'000 euros bruts de salaires en huit ans sur l'enveloppe attribuée à son mari, alors député de la Sarthe, puis à son suppléant, Marc Joulaud, pour l'emploi de collaborateurs.
En France, de nombreux parlementaires font profiter leurs proches de cette enveloppe, ce qui n'est pas interdit à condition que ce ne soit pas pour un emploi fictif. Or, l'épouse de François Fillon n'a laissé aucune trace d'activité, ni à Paris ni dans la Sarthe, assure le journal satirique.
Mardi soir, l'entourage de François Fillon a confirmé que Penelope Fillon avait "bien été la collaboratrice de François Fillon" mais qu'il s'agissait de "vraies activités" et qu'il n'y avait là rien d'"illégal ni d'amoral". "Il est fréquent que les conjoints des parlementaires soient leurs collaborateurs", a souligné son porte-parole.
agences/ptur
Impact limité d'un "épiphénomène", selon des analystes
Les soupçons d'emploi fictif à propos de l'épouse de François Fillon n'auront dans l'immédiat qu'un impact modéré sur la campagne du candidat de la droite à l'élection présidentielle, mais des répliques sont possibles, estiment des analystes interrogés par Reuters.
Cela pose cependant de nouveau la question d'une pratique très française: la rémunération sur fonds publics, par les élus de la nation, d'emplois familiaux plus ou moins bien définis.
Par exemple, pour Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, cette polémique relève pour l'instant d'un "épiphénomène" dont François Fillon se serait sans doute passé, mais qui n'est pas susceptible à ce stade de "structurer le vote des Français".
Même son de cloche du côté du patron de Vivavoice, François Miquet-Marty, pour qui "pour l'instant, ça ne paraît pas ponctuellement très grave. Il y a une lézarde, qui n'est pas structurellement handicapante, mais qui peut le devenir (...) si ça s'accumule", tempère-t-il.