Durée du temps de travail, revenu universel ou laïcité ont opposé Benoît Hamon et Manuel Valls, les deux finalistes de la primaire de la gauche, lors du débat animé par David Pujadas, Alexandra Bensaïd et Gilles Bouleau. Sur l'écologie par contre, les deux adversaires se sont montrés très proches sur leurs conclusions.
Temps de travail
Benoît Hamon, craignant la menace que la révolution numérique fait peser sur les emplois en France, estime fondamental de mieux partager le travail, notamment grâce à une durée du travail de 32 heures hebdomadaires. "Nos emplois seront impactés par l'automatisation", indique-t-il. "Je souhaite un meilleur partage du travail."
"Je ne crois pas à la raréfaction du travail", a martelé Manuel Valls, face à la crainte de Benoît Hamon. "De nouveaux métiers vont apparaître, il faut encourager la formation." L'ancien Premier ministre ne veut pas "envoyer un message d'abdication" face à la mutation du travail. Il a aussi plaidé pour une défiscalisation des heures supplémentaires afin d'encourager les engagements de travailleurs.
Revenu universel
Alors que Manuel Valls soulignait que le revenu universel proposé par son adversaire est un véritable démantèlement du système de la sécurité sociale tel qu'il existe en France, Benoît Hamon a notamment insisté sur le fait que les jeunes de 18 à 25 ans pourraient profiter de ce revenu, libérant ainsi les 600'000 emplois occupés par les étudiants.
Je suis le candidat de la feuille de paie et je ne voudrais pas que Benoît Hamon soit celui de la feuille d'impôt.
Le candidat de la feuille de paie contre celui de la feuille d'impôt
Benoît Hamon défend son idée du revenu universel
Laïcité et mixité sociale
"La laïcité est là pour rassembler, pas pour séparer. Elle n'est pas un glaive, elle est un bouclier", se défend Manuel Valls, alors qu'il est interpellé par les trois présentateurs sur la question du voile vu comme un asservissement de la femme. Pour lui, le voile est une "revendication" auquel il convient d'apporter une réponse.
La laïcité n'est pas un dogme, une religion pour ceux qui n'ont pas de religion.
Rebondissant sur les propos de l'ancien Premier ministre, et rappelant son attachement à la loi de 1905 sur la laïcité, Benoît Hamon souligne qu'elle est une loi de liberté et qu'elle permet que ceux qui croient et qui ne croient pas vivent ensemble. Et de rompre une pique contre la droite: "La droite utilise la laïcité comme un glaive, elle stigmatise et sépare", notamment les Français de confession musulmane.
La laïcité, pierre d'achoppement entre les candidats
Ecologie et environnement
Alors que Manuel Valls, interrogé sur la qualité de l'air et de l'écotaxe, a défendu son bilan avec les lois sur la biodiversité ou la transition énergétique, Benoît Hamon a choisi d'insister sur le "lobbying de certains industriels" à propos des perturbateurs endocriniens. Les deux finalistes ne se sont toutefois pas opposés frontalement sur la question de l'écologie et de l'environnement.
Sécurité et terrorisme
Que faire des Français rentrant du djihad, demandent les journalistes. Pour Manuel Valls, la poursuite de la lutte contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie est nécessaire. De plus, il faut "judiciariser" tous ceux qui reviennent de ces terrains.
Son adversaire Benoît Hamon estime nécessaire d'interpeller ceux qui rentrent en France et de les "déradicaliser s'il est possible de le faire".
Sur la question des contrôles aux frontières, Manuel Valls plaide pour leur renforcement au niveau européen. Benoît Hamon lui s'engage en faveur d'une meilleure coordination européenne via la mise en place d'un fichier européen à l'image de l'ESTA (Electronic System for Travel Authorization),le formulaire existant aux Etats-Unis.
Alors que Manuel Valls rappelle que son adversaire n'a pas voté la prolongation de l'état d'urgence, ce dernier répond "assumer tous (s)es votes", et souligne que pour lui "l'état d'urgence ne peut pas être permanent".
Le verdict de l'élection?
Les deux candidats se sont engagés au terme du débat à respecter le verdict des urnes, même si Manuel Valls a conclu par une petite pique adressée à son adversaire "qui n'a pas toujours respecté les règles lors des deux dernières années", faisant allusion au ralliement de Benoît Hamon aux "frondeurs" du Parti socialiste.
Les dernières piques du débat
Eric Butticaz/Pierre-Yves Maspoli