"Ce soir la gauche relève la tête, elle se tourne vers le futur et elle veut gagner", a lancé Benoît Hamon, 49 ans, à l'annonce de sa victoire. Jusque-là considéré comme un poids plume de la politique française, il l'a emporté avec 58,65 % des voix contre 41,35% à Manuel Valls, selon des résultats partiels.
Son premier appel a été de tendre la main aux Verts et à l'extrême gauche. Benoît Hamon a annoncé sa volonté de "rassembler les socialistes, tous les socialistes" et de proposer à l'écologiste Yannick Jadot et au candidat de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon de construire une majorité gouvernementale "cohérente et durable" face à ses adversaires principaux, l'extrême droite "destructrice", menée par Marine Le Pen et la "droite conservatrice", incarnée par François Fillon.
Manuel Valls pour le rassemblement
Son rival malheureux, Manuel Valls, a de son côté exprimé son souci de travailler au "rassemblement" de son camp après la campagne des primaires.
"Benoît Hamon est désormais le candidat de notre famille politique", a-t-il déclaré devant ses partisans réunis à Paris. "Je veux lui souhaiter bonne chance pour le combat qui est devant nous".
Après leurs discours, les deux adversaires se sont brièvement serré la main au siège du Parti socialiste.
Mélenchon satisfait
Le candidat de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon s'est dit satisfait dimanche des "paroles si proches des nôtres" du candidat socialiste, évoquant "un fait qui donnera ses fruits le moment venu", dans une note publiée sur Facebook.
Changer le rapport au travail
Benoît Hamon, bientôt 50 ans, a réussi à s'imposer pendant la primaire de la gauche face à des adversaires plus expérimentés, avec son programme de "gauche totale" matinée de transition écologique.
Ce politicien de carrière à la silhouette de jeune homme, que certains ténors socialistes ont surnommé le "petit Benoît", a su convaincre les électeurs de croire en son "futur désirable", à rebours de ceux qui le qualifient de "marchand d'illusions".
Souvent décriées, raillées, ses idées ont fait couler beaucoup d'encre: le revenu universel d'existence, la possibilité pour une minorité de citoyens de proposer une loi ou de la bloquer.
Il défend une société dans laquelle plus personne ne serait stigmatisé pour son orientation sexuelle, son genre ou sa religion, notamment les musulmans.
Hausse de la participation
La participation a enregistré une "forte hausse" dimanche, selon le président de la Haute autorité des primaires citoyennes, Thomas Clay, pour le second tour de cette primaire.
A 21H30 dimanche, 1,7 million de personnes avaient voté sur 5522 bureaux de vote, soit environ trois quarts des bureaux de vote, a-t-il précisé.
afp/mre/lan
Et maintenant?
Toutes les pensées sont déjà tournées vers l'après: les rumeurs de ralliement du pôle des réformateurs du PS à Emmanuel Macron, l'avenir du Parti socialiste et le sort réservé à Manuel Valls qui a déjà annoncé son intention de "s'effacer" pendant la campagne de Benoît Hamon, son ancien ministre devenu en 2014 une des figures des députés frondeurs.
Alors que l'équipe de campagne de l'ancien Premier ministre se montrait très discrète dimanche soir, de nombreux militants vallsistes prévenaient déjà qu'ils étaient prêts à rejoindre la campagne d'Emmanuel Macron.