San Siro est un quartier historique du nord-ouest de Milan. Il est en partie constitué de 6700 petites HLM construites sous l'ère mussolinienne. Les migrants du sud de l'Italie y avaient établi domicile dès les années 1950. Mais il n'y subsiste aujourd'hui qu'une minorité d'Italiens qui rêvent d'aller habiter ailleurs, a constaté la journaliste de la RTS qui s'est rendue sur place.
Le quartier est aujourd'hui largement occupé par les communautés musulmanes, l'arabe résonne dans les rues et les enseignes des boutiques sont rédigées dans cette langue. De nombreuses femmes sont voilées, certaines portent le niqab.
Une cachette?
A San Siro, de nombreux immeubles sont squattés. Le contrôle des habitants n'existe plus et l'administration ignore qui habite où, et qui fait quoi. Sans compter qu'une bonne centaine de migrants disparaissent des radars chaque jour. Pour certains, ce quartier est devenu une cachette idéale pour échapper aux polices européennes.
Et les autorités n'osent plus s'y aventurer, de peur de se faire agresser, comme cela s'est produit à plusieurs reprises ces dernières semaines. La présence de soldats armés jusqu'aux dents et de carabiniers ainsi qu'une voirie absente témoignent également de cette tension croissante. Les Italiens qui restent, souvent âgés, ont peur d'être hospitalisés par crainte d'être délogés illégalement de chez eux à leur retour. Certains appellent désormais ce quartier "Molenbeek de Milan" ou "casbah de la Lombardie".
Pas d'attaques terroristes
Mais San Siro n'est pas encore un repère de multiples terroristes pour autant. Toutefois, Alessandro De Chirico, conseiller communal de Forza Italia à Milan interrogé dans le Journal du matin de la RTS, parvient à désigner des immeubles où des djihadistes présumés avaient pris place: "Le dernier suspect arrêté vivait dans ce logement où les services de renseignement le pistaient et sont remontés à une vingtaine de personnes qui utilisaient aussi cet endroit. Lui-même recrutait des combattants pour la Syrie, c'était une centrale. Mais il existe aussi une autre base dans un autre immeuble un peu plus loin."
Reste que pour le moment, contrairement à la France et à l'Allemagne notamment, l'Italie ne déplore aucun attentat terroriste majeur à ce jour. Quelques tentatives ont toutefois pu être déjouées à Milan, notamment grâce à des écoutes téléphoniques de la police et des unités antiterroristes.
Une intervention demandée
Alessandro De Chirico demande néanmoins une intervention urgente des autorités: "C'est moche de parler de ratissage, en ces jours du souvenir de la Shoah. Mais je ne peux pas tolérer que dans un Etat de droit, de telles poches de délinquance persistent au coeur de la ville. Dans les années 1990, des hélicoptères survolaient la zone pendant que le périmètre était bouclé, et ainsi, on pouvait nettoyer le quartier."
Autre problème, San Siro est au coeur d'un bras de fer politique entre le centre gauche et la droite et ce blocage profite à ceux qu'aucun Etat ne souhaite voir débarquer: les extrémistes.
Nicole Della Pietra/boi
Inquiétudes en Suisse
La situation à San Siro inquiète aussi la Suisse, car elle se situe sur l'axe Milan-Berlin. Et on a appris cette semaine que l'auteur présumé de l'attentat de Berlin abattu au nord de Milan, à Sesto San Giovanni, entretenait des liens étroits avec un requérant d'asile tunisien en Suisse.
Pour Norman Gobbi, directeur du Département des institutions du canton du Tessin, le fait que Milan se situe à 50 km de la Suisse est source de craintes: "C’est notre métropole de référence et, surtout, un pôle sur l’axe migratoire nord-sud. Les services secrets italiens le savent et doivent faire attention", a-t-il déclaré au micro de la RTS.
Face à la peur, des mesures plus drastiques sont préconisées par plusieurs élus. Par exemple, une motion vient d'être déposée par le conseiller national PDC tessinois Fabio Regazzi pour exiger que les migrants qui présentent un danger potentiel puissent être renvoyés dans leur pays, même aux dépens de leur sécurité.