Ce choix, immédiatement loué par les républicains et critiqué par les démocrates, arrime l'institution à droite, possiblement le temps d'une génération. Et cela au grand soulagement des religieux traditionalistes, des militants des armes à feu, ou encore des partisans de la peine de mort.
"Le juge Gorsuch a des capacités juridiques extraordinaires, un esprit brillant, une discipline remarquable", a déclaré Donald Trump depuis les salons de la Maison Blanche, en présence des principaux ténors républicains et de ses fils Eric et Donald Jr, assis au premier rang.
"J'ai toujours pensé que, après la défense de notre pays, la décision la plus importante qu'un président des Etats-Unis pouvait prendre était la nomination d'un juge à la Cour suprême", a-t-il ajouté.
"Je veux dire ma reconnaissance à ma foi"
Gardienne de la Constitution, la haute cour tranche les grands débats de la société américaine. Chacun de ses membres est nommé à vie par le président en exercice, puis confirmé par un vote du Sénat.
"Je veux dire ma reconnaissance à ma famille, à mes amis et à ma foi", a déclaré Neil Gorsuch. Visiblement ému, le magistrat s'est dit également "honoré et rempli d'humilité".
Neil Gorsuch, dont les premières prises de position vont désormais être passées au crible par les élus du Sénat, s'est engagé à être un "fidèle serviteur" de la Constitution américaine.
Hommage appuyé à son prédécesseur
Accompagné de sa femme, Louise, ce magistrat passé par Columbia, la Harvard Law School et Oxford, a rendu un hommage appuyé au juge Antonin Scalia, "un lion de la loi".
Neil Gorsuch a aussi insisté sur le fait qu'il appartenait aux juges "d'appliquer, non pas d'altérer", le travail des représentants du peuple. "Un juge qui aime toutes les décisions qu'il prend est très probablement un mauvais juge, car il opte pour les orientations qu'il préfère plutôt que pour ce que la loi exige", a-t-il ajouté sous les rires.
Magistrat reconnu pour sa rigueur intellectuelle qui a connu une ascension rapide, Neil Gorsuch, magistrat à la cour d'appel fédérale de Denver (Colorado), deviendra, s'il est confirmé par le Sénat, le plus jeune juge nommé à la Cour suprême en un quart de siècle.
agences/fb/tmun
Risque de retour de bâton
Cela fait presque un an que le Temple du droit, sur la colline du Capitole, n'a que huit juges au lieu de neuf. Avec quatre magistrats conservateurs et quatre progressistes, la plus haute instance judiciaire américaine fonctionne, mais est menacée de blocage.
Son collège normal de neuf juges était tombé à huit en février 2016 après le décès d'Antonin Scalia à l'âge de 79 ans. Le prédécesseur démocrate de Donald Trump, Barack Obama, avait proposé le magistrat progressiste modéré Merrick Garland en mars pour le remplacer.
Mais le Sénat, dominé par les républicains, a refusé de l'auditionner. Cette politique d'obstruction, critiquée car sabotant le jeu normal des institutions, a donc fini par payer pour les républicains. Mais à Washington, les républicains peuvent s'attendre à un retour de bâton du camp des démocrates.
Soixante votes nécessaires au Sénat
Le processus de confirmation devrait durer plusieurs mois. Le porte-parole de Donald Trump a par avance dénoncé lundi une tactique des démocrates consistant à "traîner les pieds" et "faire un jeu politicien".
"Le président a le droit que les personnes qu'il nomme soient auditionnées", a affirmé Sean Spicer, apparemment oublieux du fait que Donald Trump affirmait précisément le contraire après la nomination du juge Garland par Barack Obama.
Les républicains contrôlent 52 sièges du Sénat, mais auront besoin de 60 votes pour adouber le magistrat choisi par Donald Trump.