Le nombre de manifestants a atteint des sommets mercredi soir, avec 100'000 à 150'000 personnes rassemblées devant le gouvernement à Bucarest. Dans le reste du pays, la police a dénombré 130'000 à 150'000 manifestants dans 55 villes, dont Cluj, Sibiu ou Timisoara.
Dans la capitale, le rassemblement s'est achevé par des incidents. Plusieurs médias ont estimé qu'il s'agissait des plus importantes manifestations depuis la révolution roumaine de 1989.
Recours en justice
L'adoption mardi soir d'un décret qui mettrait les hommes politiques à l'abri de certaines poursuites avait déjà fait descendre des milliers de Roumains dans la rue, un mois après l'entrée en fonction du gouvernement de Sorin Grindeanu.
Le Conseil supérieur de la magistrature a fait recours auprès de la Cour constitutionnelle contre le décret du nouveau gouvernement social-démocrate, qui dépénalise les abus de pouvoir aux conséquences financières inférieures à 200'000 lei (44'000 euros).
agences/cab
Le parti au pouvoir très concerné par le décret
Dans ce pays pauvre de l'UE qui compte 20 millions d'habitants, le parquet anticorruption a obtenu ces dernières années la condamnation de nombreux élus et hommes d'affaires. Il a lancé des investigations tous azimuts et s'attire aussi des critiques sur son pouvoir supposé excessif.
Les rangs du PSD, au centre de la vie politique depuis la fin du communisme, ont été particulièrement touchés par ces enquêtes.
Le texte mettrait fin notamment fin aux poursuites engagées contre le leader du Parti social-démocrate, Liviu Dragnea, dans une affaire d'abus de pouvoir où il est accusé d'avoir utilisé son influence pour obtenir des salaires publics pour deux collaborateurs de son parti entre 2006 et 2013.
"Je ne comprends par ce qui dérange les manifestants", a assuré mardi Liviu Dragnea à des journalistes.
Nouvelle crise pour le PSD
Le PSD affronte une nouvelle crise politique après avoir dû quitter le pouvoir fin 2015 sous la pression de la rue à la suite d'un dramatique incendie dans une boîte de nuit de Bucarest (voir ci-dessous).
Aux législatives de décembre, ce parti, qui compte une solide base électorale dans les campagnes, a cependant signé un retour en force au parlement.
L'exécutif dit vouloir désengorger les prisons et mettre en conformité le code pénal dont une soixantaine d'articles ont été invalidés par la Cour constitutionnelle.