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"Vu le dossier, on a du mal à imaginer les enquêteurs classer l'affaire Fillon"

Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L'Express. [AFP - Kenzo Tribouillard]
France: quel plan B pour la Droite en vue de la présidentielle? / Forum / 7 min. / le 3 février 2017
"Soit François Fillon est blanchi (par l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs de son épouse), et là sa campagne est relancée; soit il n'est pas blanchi et sa situation devient intenable", estime l'éditorialiste français Christophe Barbier.

"Juridiquement, tant qu'il n'est pas mis en examen, le bénéfice du doute profite évidemment" à François Fillon, affirme Christophe Barbier vendredi dans l'émission Forum. "Tout de même, l'impact électoral dans le pays est désastreux", tempère-t-il.

"Sa candidature semble politiquement intenable (...): le fait d'avoir fait rémunérer sa femme et ses enfants, même s'ils ont accompli un vrai travail, choque profondément l'électorat", assène l'éditorialiste français.

L'espoir d'un blanc-seing de la justice

Pour Christophe Barbier, la seule éventualité qui permettrait à l'ancien Premier ministre français de sauver sa candidature serait un "blanc-seing de la justice, c'est-à-dire que l''enquête préliminaire actuellement en cours se termine par un classement sans suites."

La justice a décidé d'aller vite. Tant mieux.

Christophe Barbier

Dans cette hypothèse, qualifiée de "miracle pour Fillon", le champion de la droite pourrait se présenter comme ayant été "victime d'une rumeur, d'une cabale, d'un complot sans fondement". "Mais honnêtement, quand on voit le dossier, on a du mal à imaginer les enquêteurs classer l'affaire", ajoute le journaliste.

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L'épée de Damoclès de la mise en examen

Il envisage plutôt le lancement d'une information judiciaire, c'est-à-dire une enquête plus approfondie, avec la nomination d'un juge d'instruction chargé de faire la lumière sur les soupçons d'emplois fictifs de l'épouse et des fils du candidat de la droite.

Dans ce cas, "l'épée de Damoclès de la mise en examen sera au-dessus de la tête de Fillon", rerlève Christophe Barbier. Le député de Paris a d'ailleurs annoncé la semaine dernière que seule une mise en examen le pousserait à abandonner la course à l'Elysée.

"La justice a décidé d'aller vite. Tant mieux. Il faut qu'elle conclue vite: soit elle blanchit Fillon et là sa campagne est relancée et il devient vraiment favori; soit il n'est pas blanchi et sa situation devient intenable", avance l'éditorialiste.

Alain Juppé comme seul recours

Alors que plusieurs plans B sont évoqués en cas d'abandon de François Fillon, Christophe Barbier balaie l'hypothèse d'une candidature de remplacement de François Baroin, ancien protégé de Jacques Chirac et soutien de l'ancien président Nicolas Sarkozy lors de la primaire.

Quand, dans une compétition, le premier est disqualifié pour dopage, c'est le deuxième qui récupère la médaille.

Christophe Barbier

Pour lui, dans ce cas, le seul recours de la droite serait de se tourner vers Alain Juppé, deuxième de la primaire. "Quand, dans une compétition, le premier est disqualifié pour dopage, c'est le deuxième qui récupère la médaille", argumente-il.

Non seulement Alain Juppé est légitime comme suppléant, ajoute le journaliste, mais "on peut espérer que l'opinion de droite se rassemble derrière le vieux sage". Avec tout autre candidat, la droite "s'auto-élimine", conclut Christophe Barbier

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Didier Kottelat

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Fillon devancé par Le Pen et Macron, selon un sondage

François Fillon serait éliminé dès le premier tour de la présidentielle, avec 18,5%, si le scrutin devait avoir lieu ce dimanche, selon
un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match, Sudradio et iTELE paru vendredi.

Selon cette enquête, réalisée après les révélations du Canard enchaîné, Marine Le Pen (Front national) et Emmanuel Macron (En
marche) vireraient en tête, avec respectivement 25% et 20,5% des voix.

L'institut mesure pour ces deux candidats une progression d'un demi-point par rapport à un sondage similaire publié jeudi ainsi qu'un nouveau recul de 1,5 point pour François Fillon, qui ne cesse de perdre du terrain depuis le début de la controverse sur de présumés emplois fictifs de son épouse.

Crédité de 16,5%, le socialiste Benoît Hamon figure en quatrième position, devant Jean-Luc Mélenchon (La France
insoumise), à 10%, et une kyrielle de candidats à moins de 5% - François Bayrou, Nicolas Dupont-Aignan, Yannick Jadot, Philippe
Poutou, Nathalie Arthaud et Jacques Cheminade.

Dans la seule hypothèse testée en vue du second tour, Emmanuel Macron l'emporterait avec 63% des suffrages, contre 37% à Marine Le Pen. (reuters)