"Macron est un libéral, point", résume le syndicaliste Philippe Martinez

"Emmanuel Macron est un libéral, point". Voilà ce que pense Philippe Martinez du fondateur du mouvement En Marche, rappelant que celui-ci était en poste au moment de la fermeture de l’usine sidérurgique de Florange, qui fait figure de combat emblématique des mouvements syndicaux français. "C'est un phénomène de mode", ajoute-t-il.

Malgré tout, la Confédération générale du travail (CGT) appellera à voter contre le Front national (FN) en cas d’affrontement entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.

En revanche, pas question pour Philippe Martinez d'intégrer la question identitaire à l'argumentaire de la CGT. Selon lui, le report du vote ouvrier sur le FN est plutôt à chercher dans les désillusions générées par le gouvernement socialiste de François Hollande.

Ne rien céder sur les 35 heures

Alors que les 35 heures sont attaquées, particulièrement à droite, le syndicaliste n’exclut pas des blocages aussi importants qu’en 2016, lorsque les manifestations et actions de contestation pour le retrait de la loi sur le travail, menées principalement par la CGT, avaient bloqué la France des semaines durant.

Philippe Martinez est on ne peut plus clair: la CGT ne changera pas de cap même si elle devait perdre son statut de premier syndicat de l'Hexagone lors des élections professionnelles dans les très petites entreprises, en mars prochain. "Nos revendications sont celles d'une majorité de Français". Ainsi en va-t-il de la non-augmentation du temps de travail.

De propos pondérés par la réalité statistique. Le taux général de syndicalisés est en effet parmi les plus faibles d’Europe en France (7,7 %), selon l'OCDE. En Suisse, il est deux fois plus important (15,7%). De même, la participation aux dernières élections professionnelles a été particulièrement faible.

"La Suisse est moins productive que la France"

Si la CGT ne soutient officiellement aucun candidat, les thèses de de Benoît Hamon (Parti socialiste) et de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) rejoignent dans les grandes lignes son programme. Le syndicat n'en demeure pas moins opposé à la proposition de Benoît Hamon de verser un revenu minimum à chacun. "On est attaché au travail et on part du principe que le plein emploi est possible".

La solution de la CGT? Instaurer les 32 heures, bien que les 35 heures n'aient pas réussi à endiguer un taux de chômage plafonnant à 10,5%. Trop d'heures supplémentaires, selon Philippe Martinez qui constate cependant qu'en productivité-horaire, la France arrive au troisième rang mondial, selon le Bureau international du travail (BIT).

"C'est ce qui fait la différence avec la Suisse, où les gens travaillent beaucoup mais avec un niveau de productivité largement inférieur à la France", relève le syndicaliste. Et celui-ci d'encourager d'ailleurs "les Suisses à travailler moins, car il n'y a pas que le travail dans la vie".

Laetitia Guinand