La candidature de Betsy DeVos a recueilli 50 voix pour, 50 voix contre. Sans l'intervention du vice-président, le choix controversé du président Donald Trump n'aurait pu être entériné par la chambre haute du Congrès, incapable de se départager. Un cas sans précédent aux Etats-Unis:
Un mouvement national de contestation était monté dans le pays ces dernières semaines, inondant les sénateurs de courriers et de coups de téléphone, sans compter les manifestations devant des bureaux d'élus républicains avant le vote:
Betsy DeVos défend de longue date les "charter schools", des établissements indépendants du système public et fréquemment gérés par des entreprises. Les démocrates redoutent qu'elle en poursuive la promotion au détriment des écoles publiques.
Démocrates et syndicats d'enseignants ont été atterrés par sa nomination. Son grand oral devant les sénateurs le 17 janvier a renforcé leurs craintes et démontré sa méconnaissance apparente de certains aspects basiques des lois éducatives, comme le débat - récurrent aux Etats-Unis - entre "développement" (mesurer les progrès des étudiants) et "compétence" (mesurer le nombre d'étudiants qui atteignent un niveau pré-établi):
La femme qui a (presque) vu l'ours
Betsy DeVos a par ailleurs clairement refusé de s'engager à "ne pas privatiser les écoles publiques ni à couper d'un centime le budget de l'éducation publique".
"Toute les écoles ne servent pas les élèves qui y sont assignés", a-t-elle répondu, martelant qu'elle souhaitait donner du "choix" aux parents, un euphémisme désignant les écoles privées et religieuses.
Elle soutient également le mouvement pour l'éducation à domicile, préférée par de nombreux conservateurs chrétiens à l'éducation laïque. "Je crois fermement que les parents doivent avoir les moyens de choisir le meilleur environnement d'éducation pour leurs propres enfants", a-t-elle dit.
Et, interrogée sur les armes à l'école, elle a cité l'exemple d'un établissement rural qui en aurait besoin "pour se protéger de grizzlis potentiels".
Ces épisodes lui ont fait perdre le soutien de deux sénatrices républicaines, représentant l'Alaska et le Maine, ce qui a provoqué ce vote en forme de "match nul" et l'obligation pour Mike Pence de trancher.
agences/Pierre-Yves Maspoli