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Le terrorisme djihadiste révèle les peurs secrètes des démocraties

Le terrorisme djihadiste révèle les peurs secrètes des sociétés démocratiques. [Citizenside/AFP - Patrice Pierrot]
Démocraties sous stress face à la menace terroriste / Le Journal du matin / 4 min. / le 10 février 2017
Le terrorisme international menace les démocraties par la réponse politique qu'il peut provoquer, mettent en garde deux magistrats français dans un livre. Pour y faire face, ils prônent la résistance et la foi dans les institutions.

En générant une forme de panique dans les sociétés touchées, les attentats ébranlent les acquis du vivre ensemble et les institutions. C'est le point de vue que développent Antoine Garapon et Michel Rosenfeld dans leur ouvrage "Démocraties sous stress - Les défis du terrorisme global" (Presses universitaires de France).

"Le stress est le sentiment que l'on a lorsqu'il y a un défi indéterminé, c'est un état d'angoisse (…) Il nous saisit parfois par un sentiment d'avoir envie de jeter l'éponge", explique Antoine Garapon vendredi dans le Journal du matin de la RTS. "Et ce bouquet de sentiments, c'est ce que nous éprouvons face au terrorisme, qui est un mal beaucoup plus difficilement représentable que par exemple le terrorisme palestinien fondé sur une revendication territoriale, de liberté, d'émancipation, ou le terrorisme corse."

Les jeunes musulmans de France vivent dans une autre époque. Ils sont capables d'être à la fois des citoyens français et de vouloir rejoindre un territoire en Syrie qui est un territoire largement utopique.

Antoine Garapon

Egalement directeur de la revue Esprit et secrétaire général de l'Institut des Hautes Etudes sur la Justice (IHEJ), le magistrat estime que la mondialisation est largement responsable de l'essor du djihadisme. "La mondialisation est une révolution spatiale. C'est une déterritorialisation, une modification profonde du rapport de soi à autrui", explique-t-il.

Prévention contre la violence

Pour Antoine Garapon, les jeunes musulmans de France vivent dans une autre époque. "Ils sont capables d'être à la fois des citoyens français et de vouloir rejoindre un territoire en Syrie qui est un territoire largement utopique, même s'il existe." La meilleure prévention contre la violence, dit-il, "c'est de savoir qu'il y a des limites à notre monde."

Lors d'un attentat le pouvoir est forcément pris à défaut. Lorsqu'il survient, il a déjà perdu.

Antoine Garapon

Les auteurs de l'ouvrage estiment que la meilleure réponse au djihadisme international, fruit de la mondialisation, est de recréer un sentiment d'appartenance collective et d'accepter qu'il est impossible d'éradiquer totalement la violence. Lors d'un attentat le pouvoir est forcément pris à défaut, constate Antoine Garapon, "parce qu'il est atteint dans son obligation fondamentale qui est celle de protéger la population. Donc l'Etat est tenté de mettre en place des mesures de prévention de façon à empêcher que l'attentat ne survienne parce que - lorsqu'il survient - il a déjà perdu."

Et dans ces contextes traumatisants, le magistrat prône la résistance et la sérénité: "Il faut croire en ses institutions. En France, nous avons une panoplie d'un Etat de droit qui s'est forgée au cours de l'Histoire et qui fonctionne. Or, malheureusement, nous sommes à une époque où un discours populiste disqualifie toutes les institutions et notamment le pouvoir politique et les juges."

Interview réalisée par Anouk Henry/oang

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