Rien n'y fait: même si le pouvoir a reculé sur son projet de décret assouplissant la législation anti-corruption, même si le ministre de la Justice à l'origine du décret en question a démissionné, les Roumains descendent toujours dans la rue par n'importe quel temps et n'hésitent plus désormais à réclamer la démission du président Klaus Iohannis:
Le DNA, le parquet anti-corruption roumain est l'institution qui bénéficie du plus fort taux de confiance du pays après l’Eglise orthodoxe et l’armée. Il faut dire que son tableau de chasse est impressionnant: plus de 2000 hommes politiques et hauts fonctionnaires se trouvent derrière les barreaux. A la tête du DNA depuis 2013, Laura Codruta Kovesi, ne mâche pas ses mots:
Agée de 43 ans, Laura Codruta Kovesi - qui fut par ailleurs vice-championne d'Europe de basketball alors qu'elle avait 16 ans - est parfois accusée de commettre des abus voire de "fabriquer des dossiers politiques".
"Notre activité est soumise à un double contrôle", rétorque la magistrate. "D'abord, toute personne qui se sent lésée peut porter plainte devant le Conseil de la magistrature. Ensuite les dossiers sont vérifiés par les juges aussi bien avant que durant les procès".
Environ 10% des cas renvoyés chaque année en justice par le DNA se soldent par un acquittement, ce qui montre que ces accusations sont dénuées de fondement, assure Laura Codruta Kovesi.
Décorée
Elle évoque aussi un "changement des mentalités" parmi les Roumains, qui sont de moins en moins disposés à tolérer la corruption. Les manifestants semblent lui donner raison, eux qui scandent "Codruta, n'oublie pas, nous te soutenons" et "Que le DNA vienne vous chercher", à l'adresse des hommes politiques soupçonnés de corruption.
Très populaire en Roumanie, Laura Codruta Kovesi est en train d'acquérir une réputation internationale. La France lui a notamment décerné la Légion d'honneur en 2016.
Pierre-Yves Maspoli avec agences