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L'équipe Trump taxée de désinvolture sur des questions de sécurité nationale

Depuis le début de sa présidence, Donald Trump ou certains de ses proches collaborateurs ont commis des négligences susceptibles de compromettre la sécurité des Etats-Unis, s'alarment observateurs et spécialistes.

- Un conseiller à la Sécurité nationale "vulnérable au chantage"

Le conseiller de Donald Trump à la Sécurité, Michael Flynn. [keystone - EPA/Michael Reynolds]
Le conseiller de Donald Trump à la Sécurité, Michael Flynn. [keystone - EPA/Michael Reynolds]

Le conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump, Michael Flynn, a été poussé à la démission lundi soir après seulement trois semaines en poste. Il lui est reproché d'avoir eu, fin décembre, quelques semaines avant l'investiture du président américain, une conversation téléphonique "inappropriée" avec l'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis et d'avoir caché au vice-président Mike Pence que leurs échanges avaient porté sur les sanctions américaines visant la Russie.

Redoutant que cette situation ne rende Michael Flynn "vulnérable à un chantage de Moscou", le département de la Justice en avait informé la Maison Blanche fin janvier. Dans un communiqué conjoint diffusé mardi, deux élus démocrates s'émeuvent que Michael Flynn ait pu continuer jusqu'à lundi à avoir accès "aux informations de sécurité nationale les plus sensibles" malgré le "risque" qu'il faisait courir au pays.

>> Lire : Michael Flynn, le conseiller à la sécurité de Donald Trump, a démissionné

- Un briefing de politique étrangère à table

Le Premier ministre japonais Shinzo Abo et son épouse lors d'un souper avec le couple Trump à Mar-a-Lago, en Floride, le 10 février 2017. [Reuters - Carlos Barria]
Le Premier ministre japonais Shinzo Abo et son épouse lors d'un souper avec le couple Trump à Mar-a-Lago, en Floride, le 10 février 2017. [Reuters - Carlos Barria]

Une autre séquence, initialement relatée par CNN, fait les gros titres de la presse américaine depuis lundi: samedi soir, alors qu'ils étaient attablés dans le patio de la résidence Trump à Mar-a-Lago en Floride, le président américain et le Premier ministre japonais Shinzo Abe ont été informés d'un nouveau tir de missile nord-coréen.

De nombreux invités, des membres fortunés du club de Mar-a-Lago sans habilitation de sécurité, étaient présents lorsque les deux chefs d'Etat ont reçu le briefing. L'un de ces hôtes a même posté des photos de ce moment sur son profil Facebook. Les images ont été publiques pendant plusieurs heures.

Le porte-parole de la Maison Blanche a eu beau affirmer qu'aucune information classifiée n'avait été échangée entre les deux dirigeants à ce moment précis, cet épisode inhabituel a suscité tout au moins de la perplexité dans le camp démocrate et même chez certains élus républicains, rapporte le New York Times.

Comme le soulignent plusieurs médias, des documents potentiellement sensibles ont été exposés, et éclairés grâce aux torches intégrées dans les smartphones des collaborateurs. Or, un téléphone piraté peut faire office de caméra ou d'enregistreur. The Intercept évoque par ailleurs l'éventualité que des espions se soient trouvés dans l'assistance.

Des experts en sécurité interrogés par Business Insider estiment qu'il s'agit d'un mauvais signal envoyé aux agences de renseignement étrangères. "Même dans l'hypothèse où les informations seraient de source publique, cette image en elle-même dit à nos alliés: voici comment Donald Trump traite vos informations sensibles."

- Doutes autour du téléphone de Donald Trump

Donald Trump lors d'un de ses mettings de campagne à Las Vegas, dans le Nevada. [AP Photo/Keystone - John Locher]
Donald Trump lors d'un de ses meetings de campagne à Las Vegas, dans le Nevada. [AP Photo/Keystone - John Locher]

Rien ne permet de dire si les téléphones utilisés samedi soir à Mar-a-Lago par Donald Trump et son équipe étaient sécurisés ou non. On sait en revanche qu'il arrivait encore au président des Etats-Unis d'utiliser son ancien téléphone pour tweeter, une semaine après son entrée en fonction.

La radio publique américaine NPR a cherché à savoir, début février, si cet appareil utilisé par Donald Trump était sécurisé, mais n'a reçu aucune réponse de la Maison Blanche.

Cité par NPR, un spécialiste de Berkeley avance, sans pour autant l'affirmer avec certitude, que ce téléphone est facile à pirater et que "nous devons partir du principe que son téléphone est déjà compromis depuis un moment". Dans le même article, une autre experte souligne que le piratage du seul compte Twitter du président américain pourrait avoir d'importantes conséquences. "Quelqu'un pourrait tenter d'influencer la Bourse ou la politique en écrivant de faux messages", note-t-elle.

Des préoccupations partagées au plus haut niveau de l'Etat: deux sénateurs démocrates ont adressé le 9 février au secrétariat à la Défense un courrier exigeant des éclaircissements.

- Le visage du détenteur de la "mallette nucléaire" révélé

A Mar-a-Lago toujours, samedi soir, l'invité qui avait publié les images de Donald Trump et Shinzo Abe a également posté la photo d'un dénommé "Rick". Il s'agit de l'une des personnes en charge de la "mallette nucléaire", qui contient rien de moins que les autorisations pour déclencher une attaque nucléaire lorsque le président est loin de la Maison Blanche.

"Le fait que le 'bouton nucléaire' existe n'est pas classifié. Mais inutile de dire que c'est une énorme violation de la sécurité que d'identifier la personne en charge du bouton nucléaire", a commenté un ancien conseiller en matière d'éthique de l'administration Obama.

Plus tôt dans la semaine, selon The Hill, il a encore été reproché à Donald Trump de laisser des documents contenant des renseignements confidentiels à la portée de personnes sans habilitation de sécurité. Le sénateur démocrate Martin Heinrich a relevé sur Twitter que le président avait laissé la clé sur le cadenas du sac contenant de telles informations pendant une visite dans le Bureau Ovale.

Pauline Turuban

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