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Un ami de Théo dit avoir été passé à tabac par le même policier à Aulnay

Des policiers accusés d'une autre agression à Aulnay-sous-Bois. [afp - Geoffroy van der Hasselt]
Des policiers accusés d'une autre agression à Aulnay-sous-Bois. - [afp - Geoffroy van der Hasselt]
Deux semaines après l'arrestation violente de Théo par quatre policiers à Aulnay-sous-Bois, un autre jeune homme dit avoir été passé à tabac par l'un de ces policiers une semaine auparavant. La police des polices a été saisie.

Alors que le président français François Hollande s'est rendu mardi dans les banlieues pour appeler au calme et au respect tant du côté de la police que des jeunes qui troublent les nuits depuis deux semaines, une nouvelle affaire vient secouer un climat déjà tendu.

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Le 2 février dernier, le jeune Théo avait été arrêté avec violence par quatre policiers de la Brigade spécialisée du terrain, dont un qu'il accuse de l'avoir violé avec une matraque. Ce mardi, Mohamed, un ami du jeune homme, assure dans L'Obs qu'il a aussi été roué de coups sans motif.

Mis à terre, frappé et insulté

Mohamed, 22 ans, affirme qu'il a rencontré les mêmes policiers que Théo quelques jours avant lui, le 26 janvier. Ils lui ont demandé de s'arrêter pour qu'ils puissent le fouiller. Il dit avoir ensuite été poussé dans un immeuble, mis à terre, insulté puis frappé avec les poings et les pieds dans le ventre, au dos et au visage.

L'un des policiers est surnommé Barbe-Rousse dans le quartier et c'est lui qui l'a cogné avec une matraque, dit le jeune homme. Selon Mohamed, la scène a duré 30 à 40 minutes et certains voisins ont ouvert leurs portes avant de les refermer, effrayés par les policiers.

Toujours selon le jeune homme, les policiers l'ont ensuite emmené au commissariat et lui ont affirmé qu'il était en garde à vue. Il y est resté durant 24 heures, "les yeux si gonflés par les coups reçus qu'il n'y voyait plus rien". Soigné à l'hôpital, il a ensuite pu sortir, mais n'a décidé de porter plainte que ces derniers jours. Il dit n'avoir tout d'abord rien dit parce qu'il venait de trouver un travail et avait peur de le perdre.

Les policiers ont eux aussi porté plainte contre Mohamed, l'un d'eux ayant obtenu une interruption de travail pour s'être tordu le petit doigt. "Parce qu'il me frappait", assure Mohamed.

L'IGPN ouvre une enquête

Après la publication de l'article de L'Obs, la préfecture de police a annoncé avoir saisi l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour qu'elle ouvre une enquête administrative. Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a quant à lui aussi saisi administrativement la police des polices.

"Ce sont des accusations graves portées sur le même fonctionnaire, qui méritent que l'on fasse évidemment toute la lumière. Immédiatement informé, le ministre a saisi l'IGPN", a déclaré le porte-parole du ministère.

"Je ne veux rien laisser passer, mais je ne fais pas d'amalgame. Quand il y a des comportements qui doivent être sanctionnés, ils le sont", a encore lancé Bruno Le Roux en déplacement à Sarcelles, en banlieue parisienne, pour y rencontrer des policiers et des jeunes de la commune.

De son côté, le parquet de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, a annoncé mardi avoir ouvert une enquête préliminaire. Celle-ci vise à déterminer l'existence ou non de faits de violences volontaires "commis par les fonctionnaires de police à l'occasion de l'interpellation, le 26 janvier d'une personne susceptible de vendre des stupéfiants", indique-t-il dans un communiqué.

boi

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Plus de 250 interpellations

Depuis le début des manifestations dans différentes banlieues françaises, 254 personnes ont été interpellées, indique mardi Franceinfo. Ces interpellations ont débouché sur 236 gardes à vue, dont 168 dans la région parisienne.