LA DÉMISSION DE MICHAEL FLYNN
Lundi soir, la tourmente a emporté un premier membre de l'administration du nouveau président américain. Michael Flynn, le conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump et pilier de sa campagne, a été poussé à la démission. Il était mis en cause pour avoir évoqué lors de conversations téléphoniques avec l'ambassadeur russe aux Etats-Unis la question des sanctions américaines décidées par Barack Obama, et ce alors qu'il n'était pas encore en fonction.
Ces contacts pourraient tomber sous le coup du Logan Act, une loi datant de 1799 interdisant aux ressortissants américains de négocier avec des Etats ayant des contentieux avec les Etats-Unis. Officiellement, la Maison Blanche n'a toutefois pas lâché Michael Flynn pour des questions de droit mais de "confiance", a expliqué le porte-parole Sean Spicer.
Dans sa lettre de démission, Michael Flynn a ainsi reconnu avoir "par inadvertance trompé le vice-président élu" (Mike Pence) en lui fournissant des informations incomplètes sur ses discussions téléphoniques avec le diplomate russe. Mike Pence avait à plusieurs reprises pris sa défense ces derniers jours dans la presse.
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ENQUÊTE ET DEMANDES D'EXPLICATIONS AU CONGRÈS
La démission de Michael Flynn vient rappeler que la question des liens de Donald Trump avec Moscou est politiquement sensible: la Russie est l'un des rares sujets qui a provoqué de réelles tensions entre le président américain et les élus républicains du Congrès.
"La démission du général Flynn est une indication troublante du dysfonctionnement actuel de l'appareil de sécurité nationale", a souligné le sénateur républicain John McCain. Son collègue de parti Roy Blunt, membre de la commission du Sénat sur le Renseignement, a suggéré que Michael Flynn soit entendu "très rapidement" dans le cadre de l'enquête en cours au Congrès.
"Donald Trump doit aux Américains une explication complète sur les interactions de son administration avec la Russie, avant et après l'élection", a de son côté estimé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.
DES CONTACTS RÉPÉTÉS DURANT UNE ANNÉE?
A ce titre, le cas Michael Flynn est loin d'être isolé. Selon de nouvelles révélations publiées mardi soir par le New York Times, l'équipe de campagne de Donald Trump et certains de ses associés ont multiplié les contacts avec les services de renseignement russes au cours de l'année qui a précédé l'élection.
Le quotidien fait état de relevés téléphoniques et de conversations interceptées par plusieurs agences de renseignement américaines. Ces écoutes s'inscrivaient dans le cadre de l'enquête née du piratage du Parti démocrate en 2015 et 2016, attribué à Moscou par Washington.
Les agences de renseignement ont essayé de déterminer si l'équipe de campagne de Donald Trump était de connivence avec la Russie, ce qu'elles ne sont pour l'instant pas parvenues à prouver, précise le New York Times, qui se base sur les confidences de quatre responsables ou anciens responsables américains.
Dans une série de tweets matinaux, Donald Trump a qualifié de "non-sens" cette supposée "connexion russe". "Le vrai scandale est que des informations classifiées sont fournies illégalement par le 'renseignement' comme des bonbons", a lancé le président américain.
Le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a quant à lui dénoncé une "intox", soulignant le caractère anonyme des accusations.
LE PIRATAGE RUSSE EN TOILE DE FOND
Ces révélations font écho au rapport publié début janvier par le renseignement américain, qui accuse la Russie d'avoir mené une campagne de piratage informatique destinée à saper le processus démocratique américain et augmenter les chances de victoire du milliardaire républicain Donald Trump en dénigrant sa rivale démocrate Hillary Clinton.
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Après avoir dans un premier temps exclu que Moscou puisse être derrière ces piratages, le président américain a finalement accepté les conclusions du rapport, ajoutant que des actions pourraient être prises en réponse à ces intrusions.
PROCHES DE TRUMP... ET DE LA RUSSIE
Une chose est néanmoins sûre: plusieurs membres de l'entourage de Donald Trump ont entretenu des liens de proximité avérés avec la Russie. Au premier rang de ceux-ci figure l'actuel secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson. Décoré par l'ordre de l'Amitié par le gouvernement russe en 2012, l'ancien patron du groupe pétrolier ExxonMobil s'était opposé aux sanctions économiques contre la Russie en 2014.
Michael Flynn, le conseiller à la Sécurité nationale démissionnaire, fait aussi partie des amis prorusses du nouveau président américain. En décembre 2015, il avait participé à un dîner de gala organisé à Moscou pour les 10 ans de la chaîne russe RT. A cette occasion, il avait eu l'honneur d'être placé à la même table que Vladimir Poutine.
Paul Manafort, autre homme fort de la campagne de Donald Trump, avait dû quitter précipitamment l'équipe du milliardaire en août 2016. Consultant pour l'ex-président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch, il a été mis en cause dans une enquête de corruption en Ukraine, soupçonné d'avoir touché des millions de dollars en liquide entre 2007 et 2012. Il a également travaillé pour des oligarques russes proches de Poutine.
Pendant la campagne électorale, des rumeurs avaient par ailleurs évoqué le rôle trouble d'un conseiller en politique étrangère de Donald Trump proche de Moscou, Carter Page. Selon la presse américaine, le FBI s'est intéressé à cet ancien banquier d'affaires à Moscou, le soupçonnant d'avoir eu des communications privées avec de hauts responsables russes pendant l'été.
Didier Kottelat, avec agences