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La famine est officiellement déclarée au Soudan du Sud

Un médecin examine un enfant de trois ans souffrant de malnutrition dans un dispensaire de Médecins sans frontières au Soudan du Sud en octobre 2016. [AFP - ALBERT GONZALEZ FARRAN]
Un médecin examine un enfant de trois ans souffrant de malnutrition dans un dispensaire de Médecins sans frontières au Soudan du Sud en octobre 2016. - [AFP - ALBERT GONZALEZ FARRAN]
Pour la première fois, le gouvernement sud-soudanais a déclaré l'état de famine dans plusieurs zones du pays. La sécurité alimentaire de la moitié de la population pourrait être menacée d'ici juillet.

Plusieurs zones de la région d'Unité (nord) sont désormais "classées comme étant en famine (...) ou courant le risque d'être en famine", a indiqué le Bureau national des statistiques, se fondant sur l'échelle IPC (lire en encadré).

Lundi, trois organisations des Nations unies, le Fonds pour l'enfance (Unicef), le Fonds pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), ont indiqué que 100'000 Sud-soudanais de la région d'Unité souffraient de famine, le niveau le plus élevé de l'échelle IPC. Environ un million de Sud-soudanais risquent la famine dans les prochains mois.

Lorsqu'on déclare officiellement l'état de famine, cela veut dire que les gens ont déjà commencé à mourir de faim.

Communiqué du Fonds pour l'enfance (Unicef), du Fonds pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM).

5,5 millions de personnes menacées

D'ici avril, quelque 4,9 millions de Sud-Soudanais seront en situation d'insécurité alimentaire et ce nombre devrait passer à 5,5 millions d'ici juillet.

"Lorsqu'on déclare officiellement l'état de famine, cela veut dire que les gens ont déjà commencé à mourir de faim", ont indiqué ces trois organisations.

agences/jgal/fme

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Violents combats

Le pays est en proie à de violents combats entre forces gouvernementales fidèles au président Salva Kiir et rebelles engagés au côté de l'ex-vice-président Riek Machar. Malgré un accord de paix en 2015, le conflit a fait plus de trois millions de réfugiés et déplacés. L'ONU dénonce un "processus continu d'épuration ethnique" et redoute un génocide comparable à celui qui s'est produit au Rwanda en 1994.

Aux effets du conflit s'ajoutent la hausse des prix de l'alimentation, les difficultés économiques et la mauvaise production agricole. Le Soudan du Sud est indépendant depuis 2011. Il compte environ 11 millions d'habitants.

Cinquième phase de l'IPC, "catastrophe/famine"

L'IPC distingue cinq phases possibles dans la situation alimentaire d'un pays, la cinquième étant celle de "catastrophe/famine". Quand plus de 20% de la population d'une région est en "catastrophe", que le taux de mortalité est supérieur à deux personnes pour 10'000 par jour et qu'une malnutrition aiguë touche plus de 30% de la population, l'état de famine est déclaré.

L'économiste en chef du Programme alimentaire mondial (Pam) des Nations unies Arif Husain avait classé la semaine dernière le Soudan du Sud avec le Yémen, le nord-est du Nigeria et la Somalie parmi les quatre zones touchées par des famines susceptibles de faire, au total, plus de 20 millions de morts dans les six mois.