"C'est un échec relatif car le phénomène est nouveau. On est donc dans une phase d'expérimentation. On applique parfois des méthodes qui ne sont pas totalement appropriées à cette nouvelle forme d'extrémisme qui pourrait déboucher sur le terrorisme et la violence physique", indique Tareq Oubrou dans le Journal du matin.
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L'auteur de "Ce que vous ne savez pas sur l'islam", paru en 2016, souligne en outre à quel point la radicalisation est un "marqueur sociologique de la crise de toute une société" qui convoque plusieurs éléments tels que le psychologique, le théologique, le scolaire ou le sécuritaire.
"Daesh recrute dans des foyers vulnérables, dont on connaît la fragilité depuis très longtemps, mais on ne pensait pas que cette jeunesse allait basculer vers le terrorisme avec une telle ampleur. Tout le monde a été surpris, on a mis en place les centres de déradicalisation pour répondre, dans l'urgence", rappelle-t-il.
"Aller vers l'étiologie du mal"
L'endoctrinement se fait par internet, avec des méthodes de plus en plus subtiles, ce qui fait que la déradicalisation se fait par tâtonnements. Mais il ne faut pas s'en contenter, souligne Tareq Oubrou. "Il ne faut pas se contenter du traitement symptomatique, il faut aller vers l'étiologie du mal. La radicalisation doit être soignée dès la maternelle. Le système scolaire doit s'investir, donner des éléments de discernement pour les enfants. C'est l'affaire de toute une société", insiste-t-il.
"Il y a un effet de loupe qui exagère le phénomène de la radicalisation", met toutefois en garde celui qui était invité mercredi soir au Centre islam et société de Fribourg. Sa façon de rappeler qu'en France aussi la plupart des musulmans sont intégrés.
Juliette Galeazzi