Le projet de résolution, présenté par le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis, a reçu neuf votes pour et trois votes contre, ceux de la Chine, de la Russie et de la Bolivie. Le Kazakhstan, l'Ethiopie et l'Egypte se sont abstenus.
Le texte avait été préparé dans le sillage de la publication des conclusions de la mission d'enquête conjointe de l'ONU et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
L'enquête a conclu que les forces gouvernementales syriennes étaient responsables de trois attaques au chlore et que les djihadistes du groupe Etat islamique avaient utilisé du gaz moutarde. Damas nie avoir utilisé des armes chimiques dans ce conflit qui a fait plus de 300'000 morts depuis 2011.
Des mesures "inopportunes" selon Moscou
Vladimir Poutine l'avait encore martelé quelques heures avant le vote: imposer des sanctions "n'aidera pas le processus de négociations" pour la paix en Syrie, avait averti le président russe, qualifiant d'éventuelles mesures contre le pouvoir syrien "d'inopportunes".
Cela "ferait juste du tort ou minerait la confiance" envers ces négociations, avait-il ajouté lors d'une conférence de presse à Bichkek au Kirghizstan.
Le projet de résolution prévoyait de sanctionner onze responsables militaires et politiques syriens et dix entités gouvernementales impliqués dans le développement et la production d'armes chimiques. Les sanctions sont un gel des avoirs et, pour les individus, une interdiction de déplacement.
Envoyer un "message fort"
Lundi, l'ambassadeur britannique aux Nations unies, Matthew Rycroft, avait estimé que le Conseil de sécurité devait envoyer "un message fort et clair que la communauté internationale est sérieuse pour empêcher l'usage de ces armes abominables".
Vendredi, l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley était allée plus loin. "Combien de temps encore la Russie va-t-elle continuer à veiller sur le régime syrien et à lui trouver des excuses?", avait-elle demandé après une réunion à huis clos du Conseil sur la Syrie.
Le mois dernier, Washington a imposé des sanctions à 18 militaires syriens pour l'utilisation d'armes chimiques. Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW), les forces gouvernementales syriennes ont encore perpétré au moins huit attaques chimiques au cours des dernières semaines de la bataille d'Alep, tuant neuf personnes.
ats/tmun
Sept veto russes depuis le début du conflit syrien
En six ans de guerre, la Russie a protégé son allié syrien des pressions occidentales en opposant sept fois son veto au Conseil de sécurité, suivie à six reprises par la Chine.
Moscou et Pékin ont un droit de veto, comme les trois autres membres permanents, Etats-Unis, France et Royaume-Uni. Le Conseil compte dix autres membres non permanents, renouvelés partiellement tous les ans.
Les pourparlers de Genève se poursuivent
Le vote du projet de résolution s'est tenu alors que les pourparlers de Genève sur la Syrie se poursuivaient. L'émissaire des Nations unies Staffan de Mistura, qui avait rencontré lundi l'opposition, devait s'entretenir mardi après-midi avec la délégation du régime.
La Russie a estimé mardi que la lutte contre le terrorisme "est une priorité". Cette question "ne peut pas être ignorée", a assuré devant la presse le ministre adjoint des Affaires étrangères russe, Guennadi Gatilov, présent dans la cité de Calvin pour le Conseil des droits de l'homme.