"C'est à la fois un projet complet et un contrat avec les Français", a déclaré Emmanuel Macron à Paris, devant quelque 300 journalistes, en présentant un programme qui est aussi disponible sur le site de "En Marche". "La cohérence de ce projet consiste à concilier plusieurs objectifs: l'efficacité et la justice", a ajouté celui qui talonne désormais la leader du Front national Marine Le Pen dans les sondages.
Le candidat de 39 ans a ensuite détaillé les six chantiers principaux auxquels il entend s'atteler s'il est élu: la culture, le travail, la modernisation de l'économie, la sécurité, le renouveau démocratique et l'international. Au total, son programme est construit autour de 96 points développés sur 150 pages, dont voici les principaux.
Moralisation de la vie publique
Emmanuel Macron propose un plan de moralisation de la vie publique en réponse aux diverses affaires qui secouent la politique française et en premier lieu l'affaire Fillon, débat qu'il a qualifié de "lèpre dans la vie politique". Le candidat du mouvement "En Marche" promet d'interdire aux élus et ministres toute embauche d'un membre de leur famille.
Il entend aussi interdire aux parlementaires d'exercer des activités de conseil parallèlement à leur mandat, pour mettre fin aux conflits d'intérêts. Il s'engage également à ce que toutes leurs indemnités soient soumises à l'impôt. Ces mesures sont destinées à s'inscrire dans une "grande loi de moralisation de la vie publique", a-t-il précisé.
Réduction du nombre de parlementaires
L'ancien ministre de l'Economie du gouvernement Valls s'engage à rénover la démocratie par une série de réformes institutionnelles, dont certaines nécessitent sans doute une révision de la Constitution.
Il promet ainsi de réduire "d'environ un tiers" le nombre de députés et sénateurs, d'interdire le cumul de plus de trois mandats identiques successifs et de contraindre les partis à respecter une parité réelle dans la représentation nationale.
Pour le candidat, il ne s'agit pas de "faire des économies, mais de passer moins de temps à légiférer et beaucoup plus de temps à évaluer nos politiques publiques".
Diminution des départements
Emmanuel Macron s'engage par ailleurs à supprimer "au moins un quart" des départements, lit-on dans le document de synthèse du "contrat avec la nation" qu'il propose.
Réforme du marché du travail
"Je veux créer des emplois, protéger efficacement chacun et améliorer le pouvoir d'achat des travailleurs", a déclaré Emmanuel Macron devant la presse. Pour ce faire, l'ancien ministre de l'Economie veut notamment créer un système universel d'assurance chômage financé par l'impôt et piloté par l'Etat. Il propose aussi un plan d'investissements de 50 milliards d'euros pour soutenir l'emploi, dont 15 milliards pour la formation des chômeurs et jeunes sans qualification.
Emmanuel Macron propose aussi d'inciter les entreprises à embaucher dans 200 quartiers prioritaires en leur attribuant une prime de 15'000 euros sur trois ans pour tout recrutement en contrat à durée indéterminée dans ces zones.
Le candidat s'engage en outre à lancer une réforme de longue haleine des retraites pour passer à un système à points alignant secteurs privé et public. Il précise qu'il ne touchera pas durant le quinquennat l'âge de départ à la retraite ni le niveau des pensions.
Emmanuel Macron promet la création d'un "fonds pour l'industrie et l'innovation" de 10 milliards d'euros pour financer "l'industrie du futur".
Sécurité améliorée
Pour faire face aux besoins, le candidat propose de porter le budget de la Défense à 2% du PIB en 2025. Quelque 10'000 policiers et gendarmes seront recrutés, alors que 15'000 nouvelles places de prison seront aménagées.
Un état-major permanent des opérations de sécurité intérieure, de renseignement et de lutte contre le terrorisme auprès du président de la République sera créé. Et Emmanuel Macron a annoncé le démantèlement des associations qui, "sous couvert de religion, s'attaquent à la République".
Bilan annuel
"Je m'engage chaque année à aller rendre compte des avancées de mon mandat devant le Parlement réuni en Congrès." Lui-même se présentera pour évaluer la mise en oeuvre de ses engagements et de son "bilan national et européen".
Frédéric Boillat avec agences