Evoquant des difficultés logistiques, les autorités allemandes ont annulé jeudi la tenue d'un rassemblement à Gaggenau, dans le sud-ouest du pays. La manifestation visait à promouvoir le oui lors d'un référendum le 16 avril sur une révision constitutionnelle. Le texte élargirait considérablement les prérogatives du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Le ministre turc de la Justice Bekir Bozdag, qui devait participer au rassemblement, a en retour annulé une rencontre prévue dans la soirée avec son homologue allemand Heiko Maas.
"Il est inacceptable que les autorités allemandes ne tolèrent pas un rassemblement de la société turque, elles qui sont si promptes à s'exprimer sur les droits de l'homme, la démocratie (...), la liberté d'expression", a déclaré Bekir Bozdag.
Pas de meeting à Cologne
Parallèlement, la ville de Cologne, dans l'ouest du pays, a indiqué qu'elle n'autoriserait pas la tenue d'un meeting prévu dimanche avec le ministre turc de l'Economie, Nihat Zeybekci.
"Empêcher la tenue d'un rassemblement avec nos concitoyens en Allemagne est clairement une atteinte aux droits démocratiques", a réagi sur Twitter le ministre turc des Affaires européennes, Omer Celik. Les autorités allemandes "endommagent les ponts entre les démocraties et érigent des murs de Berlin idéologiques qui séparent les gens".
Les relations entre la Turquie et l'Allemagne, deux piliers de l'OTAN aux liens historiques, traversent fréquemment des turbulences, notamment depuis une tentative de coup d'Etat en juillet en Turquie suivie de purges.
Les tensions ont refait surface après l'incarcération mardi du correspondant germano-turc du quotidien allemand Die Welt en Turquie, Deniz Yücel, accusé de propagande "terroriste". Après cette décision, l'Allemagne avait protesté auprès de l'ambassadeur turc à Berlin.
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ats/tmun
Trois millions de voix potentielles
L'Allemagne compte la plus forte communauté de la diaspora turque, soit 3 millions de personnes. Comme pour la présidentielle de 2014, Recep Tayyip Erdogan tente de gagner leurs voix en vue du référendum, qui prévoit pour la première fois dans l'histoire turque la suppression du poste de Premier ministre.
Le mois dernier, le Premier ministre turc Binali Yildirim s'était exprimé lors d'un meeting à Oberhausen (ouest de l'Allemagne) devant des milliers de sympathisants du pouvoir turc. Le gouvernement allemand avait été vivement critiqué par l'opposition pour avoir accepté la tenue de ce meeting.