Les pourparlers ont désormais "un agenda clair", a estimé vendredi soir devant la presse l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura. Aux côtés de la gouvernance de transition six mois après un accord de paix, d'une nouvelle Constitution et, au bout de 18 mois, des élections contrôlées par l'ONU est venue s'ajouter la question de la lutte contre le terrorisme. "A la demande du gouvernement", a reconnu l'Italo-Suédois.
Jusqu'à vendredi, le principal groupe d'opposition, le Haut Comité des négociations (HCN), avait toujours estimé que le régime syrien cherchait à "perdre du temps" en ajoutant cette question aux discussions.
La politique générale contre le terrorisme sera abordée à Genève. Tandis que les applications concrètes de la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ou du Front al-Nosra seront évoquées à Astana, au Kazakhstan. Une réunion est prévue le 14 mars dans cette ville où la Russie, la Turquie et l'Iran avaient lancé leur processus pour la consolidation d'un cessez-le-feu en Syrie.
Pas de priorité pour la gouvernance
Autre défaite pour le HCN, la question de la gouvernance ne sera pas discutée avant les autres. Les quatre points seront abordés "en parallèle". Mais l'un des quatre "paniers" peut "avancer plus rapidement" que les autres, a ajouté Staffan de Mistura à destination du HCN.
Autre difficulté, un dialogue direct n'est pas encore possible entre les parties. Mais "tous ceux qui sont concernés par le conflit en Syrie sont capables de s'asseoir dans la même salle", a dit l'émissaire, brandissant la photo de la cérémonie d'ouverture. Il reconnaît toutefois que les pourparlers "indirects" resteront pour le moment "plus efficaces".
Si le contenu des quatre points a pu déjà être abordé, la principale divergence entre régime et le HCN reste la question du départ ou non du président Bachar al-Assad. Le groupe d'opposition ne considère pas la "transition politique" avec l'actuel chef de l'Etat, ce que rejette la délégation du gouvernement. Le HCN a répété vendredi vouloir lutter contre le "terrorisme" du président syrien, de l'Iran et de leurs alliés.
La Russie très active
Le gouvernement attribue aussi au HCN le rejet d'une délégation unifiée avec les groupes d'opposants dits du Caire et de Moscou, considérés comme plus proches du gouvernement. Le principal groupe d'opposition se dit "ouvert", mais seulement avec ceux "qui veulent l'intérêt des Syriens". Elément encourageant, il a rencontré le groupe de Moscou.
Autre indicateur, la Russie, alliée du régime, aura été très active avec la présence à Genève du vice-ministre des Affaires étrangères Guennadi Gatilov. Celui-ci a rencontré aussi bien la délégation du gouvernement que le groupe de Moscou et, première, le HCN.
La Russie a évoqué une discussion "constructive" avec le principal groupe d'opposants, avant de l'accuser le lendemain de "saboter" le processus politique.
ats/tmun
Après trois sessions de pourparlers
Le round de pourparlers qui a pris fin vendredi était le quatrième organisé à Genève. Trois sessions de discussions en 2016 s'étaient soldées par un échec, en raison des violences sur le terrain et de l'insistance du régime à parler de terrorisme, quand l'opposition réclamait des discussions sur une transition politique.
La guerre en Syrie, qui a fait plus de 310'000 morts et des millions de réfugiés, va entrer le 15 mars dans sa septième année.
Conférence internationale sur la Syrie à Bruxelles début avril
L'Union européenne va organiser "autour du 5 avril" une conférence internationale de haut niveau sur la Syrie à laquelle devrait assister le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a appris l'AFP vendredi de sources diplomatiques.
La date exacte de cette conférence qui se tient au niveau des ministres des Affaires étrangères, mais à laquelle pourraient se rendre certains chefs d'Etat, sera confirmée dans les prochains jours, selon plusieurs sources, mais devrait avoir lieu "autour du 5 avril", a précisé un diplomate.