Conflit israélo-palestinien: "Il y a une manipulation de la religion à des fins politiques"
"La religion est quelque chose de trop important pour la laisser entre les mains des politiciens", assène d'emblée Marcelo Kohen en "paraphrasant Clémenceau". Un demi-siècle après la Guerre des Six jours, l'impasse semble totale dans les Territoires occupés de Cisjordanie. Le processus de paix est en panne et la communauté internationale se révèle toujours incapable de faire appliquer les résolutions des Nations unies dans une région où le conflit déchaîne passions et rancoeurs depuis près de 100 ans.
Le seul langage commun, c'est le droit international.
Expert des conflits israélo-arabes, Marcelo Kohen insiste sur la nécessité d'identifier un langage commun entre Israéliens et Palestiniens: "Si vous regardez les récits des deux parties, leurs arguments politiques, humains, religieux ou historiques, il n'y a aucune possibilité de s'accorder. Mais un langage commun existe, c'est le droit international. (...) Il permet de trouver des solutions concrètes à chaque problème du conflit".
Des colonies controversées
De quelques milliers en 1967 à l'issue de la Guerre des Six jours, le nombre de colons installés en Cisjordanie dépasse aujourd'hui les 400'000, selon les récentes données de l'ONG Americans for Peace Now (APN). A cela s'ajoutent près de 150'000 autres installés dans la partie Est de Jérusalem. Parmi eux, des juifs ultra-orthodoxes, mais aussi de jeunes Israéliens en quête de logements bon marché. De nombreux témoignages évoquent l'importance de se rapprocher de la symbolique Jérusalem. Et pour le gouvernement israélien, les colonies sont perçues notamment comme un rempart contre le terrorisme.
S'adressant directement aux colons, Marcelo Kohen affirme: "On n'est pas plus ou moins juif parce qu'on habite plus au moins près du Kotel ou du Mur occidental. Je crois qu'il y a une manipulation de la religion à des fins politiques".
Un Etat, deux Etats?
La Cisjordanie est un territoire extrêmement morcelé. "La présence de plus de 400'000 colons au milieu d'une population palestinienne crée une véritable difficulté pour la viabilité d'un territoire palestinien", estime Marcelo Kohen. "Mais il n'est un secret pour personne que les négociateurs palestiniens ont accepté l'idée que certaines colonies vont rester, s'il y a un échange de territoires."
En 1947, le plan de partage des Nations unies sur la Palestine - alors sous mandat britannique - prévoyait la création de deux Etats distincts, l'un juif, l'autre arabe, Jérusalem, elle, devait être placée sous contrôle international.
Un Etat ou deux Etats, "La solution a été décidée depuis longtemps", selon Marcelo Kohen. "Je crois que ce sont seulement les extrêmes, ceux qui rêvent d'une Grande Palestine ou d'un Grand Israël, qui soutiennent la solution à un Etat".
Mélanie Ohayon