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Ehud Barak: "Israël se dirige vers une situation d'apartheid"

Ehud Barak a qualifié d'étape "importante" la signature de la déclaration d'intention. [Jean-Christophe Bott]
Ehud Barak porte un regard critique sur le gouvernement israélien actuel / Tout un monde / 5 min. / le 10 mars 2017
L'ex-Premier ministre israélien Ehud Barak a estimé vendredi sur les ondes de la RTS que son pays était sur une pente glissante et que la poursuite de l’occupation des territoires palestiniens menait vers une situation d’apartheid.

Retiré de la vie politique, Ehud Barak  porte un regard très critique sur le gouvernement de Benjamin Netanyahu, dont il a été ministre de la Défense pendant quatre ans: "Le Likoud (parti présidé par Benjamin Netanyahu) a été détourné ces dernières années par les éléments de l'extrême droite en Israël. Des politiciens liés au mouvement des colons ont rejoint en masse le Likoud et ont pris possession du parti", a-t-il estimé dans l'émission Tout un monde.

Pour l'ancien Premier ministre, la formation continue à parler de solutions à deux Etats -Israël et Palestine- afin de ne pas froisser la communauté internationale. Mais "en fait, son véritable agenda est de garder le contrôle sur tout le territoire de la Méditerranée au Jourdain. Et le monde s'y habituera. Le Likoud ne voudra jamais laisser les Palestiniens disposer d'un Etat. Tout au plus il leur accordera une sorte d'autonomie, avec des droits partiels, sans la possibilité de voter à la Knesset (le Parlement israélien, ndlr). Or, ce programme contredit la Cour suprême, les médias et la société civile, ainsi que les valeurs de l'armée".

"Israël sur une pente glissante"

Pour Ehud Barak, Israël est sur une pente glissante où la poursuite de l'occupation des territoires palestiniens mène vers une situation d'apartheid: "entre le Jourdain à l’est et la Méditerranée à l’Ouest, vivent 13 millions de personnes, soit huit millions d'Israéliens et cinq millions de Palestiniens. Si une seule entité nommée Israël contrôle tout ce territoire, elle deviendra inévitablement soit non juive, soit non démocratique. La ressemblance avec la situation d’apartheid en Afrique du sud est frappante", analyse-t-il.

Et d'ajouter: "on va finir avec une situation de type Belfast, Bosnie ou Johannesburg, où deux communautés s’entretuent pendant des générations."

"S'approprier jusqu'à 7% du territoire de la Cisjordanie"

L'ex-responsable pense qu'il n’est pas trop tard pour un désengagement de la grande majorité du territoire de la Cisjordanie: "pour protéger notre futur et préserver notre identité, nous n'avons pas d'autre choix que de nous séparer des Palestiniens. Et de délimiter une ligne qui tiendra compte de tous nos besoins de sécurité, qui inclura probablement 80% des colonies et les quartiers juifs périphériques de Jérusalem situés au-delà de la ligne de 1967. Au final on ne prendrait pas plus de 5, 6 ou 7% du territoire de la Cisjordanie."

Pour protéger notre futur et préserver notre identité, nous n’avons pas d’autre choix que de nous séparer des Palestiniens

Ehud Barak

Selon lui, l'armée et la police israéliennes peuvent évacuer les colonies isolées pour conserver les trois grands blocs de colonies, où vivent 80% des quelque 400'000 colons. Mais au vu de la levée de bouclier politique qui a récemment accompagné l’évacuation de 40 familles de l’avant-poste d'Amona, la stratégie de Ehud Barak semble n'être, pour l'heure, qu'un vœu pieux.

Propos recueillis par Aude Marcovitch/hend

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Le militaire le plus décoré de l'histoire d'Israël

Ehud Barak est connu pour être le militaire le plus décoré de l’histoire d’Israël avec de nombreuses actions dans les différentes guerres du pays.

Premier ministre pendant deux ans, cet ancien leader du parti travailliste a tenté en vain de conclure un accord de paix avec les Palestiniens alors que la deuxième Intifada avait commencé à embraser la région dès l’automne 2000.