Francis Weill, juriste genevois de 64 ans, dirige l'Hôpital suisse de Paris à Issy-les-Moulineaux, seul hôpital suisse situé en dehors des frontières de la Confédération. Construit en 1970 grâce aux dons de groupes industriels comme Roche, Sandoz ou Nestlé, le lieu était à la base réservé aux ressortissants suisses.
L'établissement reste aujourd'hui une oeuvre de bienfaisance, largement financé par les dons de la diaspora Mais qu'est-ce que cela implique, pour un hôpital suisse, de dépendre du système de santé français? Eléments de réponse avec Francis Weill.
Dans un hôpital en France, si vous voulez acheter un scanner, il peut se passer deux ans avant le dépôt du dossier de demande et le moment de son installation.
"En Suisse, vous voulez un nouveau scanner ou un nouvel IRM, vous l'achetez, vous l'installez, et vous pratiquez les prix que vous voulez. C'est là que le système français devient assez original: pour un scanner, il faut faire une demande d'autorisation à l'ARS, l'Agence régionale de santé, qui va étudier le dossier. C'est très lent. Entre le dépôt du dossier jusqu'au moment de l'installation, il peut se passer deux ans."
Observateur attentif de la crise hospitalière en France, Francis Weill souligne un problème de management du système hospitalier public. "Il y a trop de monde non occupé, ou ne travaillant pas, ou en congé maladie... On pourrait fermer des services, faire de l'ambulatoire, de l'hôpital de jour. Mais de nombreux médecins s'opposent aux fermetures, on laisse donc ouverts des services non rentables et pas assez remplis."