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"Le Kremlin n'avait pas prévu l'ampleur des manifestations en Russie"

"On assiste à une levée de manifestations de personnes ordinaires en Russie"
"On assiste à une levée de manifestations de personnes ordinaires en Russie" / L'actu en vidéo / 48 sec. / le 28 mars 2017
Des arrestations massives ont eu lieu dimanche lors de manifestations dans plusieurs villes russes. Une réaction à "l'ampleur imprévue" de la contestation, analyse Florian Irminger de la Fondation Human Rights House.

Des centaines, voire des milliers, de manifestants ont été arrêtés dimanche lors des manifestation contre la corruption dans plusieurs villes de Russie, suscitant les critiques de l'Union européenne et des Etats-Unis.

"L'ampleur de ces manifestations n'était pas prévue par les milieux de défense des droits de l'homme, ni par le Kremlin", a expliqué Florian Irminger dans le Journal du matin de la RTS. Ce membre de la direction de la Fondation Human Rights House, basée en Norvège, dont il dirige le bureau genevois, entretient un contact rapproché avec des organisations qui défendent les droits de l'homme en Russie.

"Cela n'avait pas eu lieu depuis l'élection la plus récente de Vladmir Poutine en 2012", a ajouté le militant.

La législation a changé: les manifestations non autorisées sont considérés comme des actes criminels.

Florian Irminger, membre de la direction de la Fondation Human Rights House

"La Russie n'est pas uniforme"

Comment expliquer cette mobilisation? "La Russie n'est pas uniforme. Dans certaines villes, on collabore avec les ombudsmen locaux, pas fédéraux. Ces villes fonctionnent et ont une certaine stabilité parce qu'il y a une coopération entre le maire, la police locale et les milieux de défense des droits de l'homme... il y a un intérêt à ce que tout le monde puisse faire son travail", décrit-il.

Il donne notamment l'exemple de la ville de Voronej, où la police locale a protégé les personnes qui manifestaient contre la corruption, y compris contre une anti-manifestation qui se tenait dans le même lieu. "Mais c'est un exemple sur une centaine de villes où l'on a manifesté et sur un millier de personnes arrêtées", nuance-t-il.

"Du jamais vu depuis 1990"

Pour Florian Irminger, des arrestations massives de ce type sont "du jamais vu depuis 1990". Mais comment les interpréter? "L'imprévu a fait que la répression a été d'autant plus forte. Il n'y a pas eu d'arrestation préventive, ni de fermeture de places de manifestation, comme on le voit régulièrement en Russie", répond-t-il.

Mais selon lui, l'Europe de l'Est en général assiste à une levée de manifestations de personnes "ordinaires" qui se battent pour leurs réels besoins du quotidien, mais qui ne sont pas politisées ou militantes. "C'est inquiétant pour le régime de Poutine, qui prétend à l'étranger que tout va bien du point de vue social et culturel", ajoute Florian Irminger.

La Russie peut-elle se passer de Poutine?

Florian Irminger juge par ailleurs que "la Russie se porterait mieux si les lois que Vladimir Poutine a fait voter à la Douma depuis 2012 étaient annulées". Pour lui, "elle irait mieux si son leader, quel qu'il soit, ne pensait pas que la loi de la jungle soit ce qui rapporte le plus à la Russie au niveau international".

Poutine et Medvedev peuvent continuer à s'acheter de belles montres. Les citoyens ordinaires ne peuvent pas s'acheter des pommes.

Florian Irminger, membre de la direction de la Fondation Human Rights House

"La position de la Russie sur la Crimée ou sur la Syrie lui font plus de mal qu'autre chose. Isoler la Russie du point de vue international ne lui fait pas du bien. Les sanctions qu'elle subit ne font pas du bien à la population ordinaire, et c'est cette réalité-là que l'on voit à travers les manifestations (...) Peu importe qui est au pouvoir, ce qui compte c'est ce que l'on en fait", tranche-t-il.

jvia

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"Navalny, dernière personnalité de l'opposition"

Parmi les personnes arrêtées, on trouve la figure emblématique de l'opposition russe, Alexei Navalny, qui a appelé à la mobilisation de dimanche via les réseaux sociaux.

"Sa condamnation est purement administrative, elle n'engendre pas d'inscription au casier judiciaire. Il a donc la possibilité de se présenter à l'élection présidentielle", souligne Florian Irminger, qui met toutefois en garde: "Ces choses peuvent vite changer. Et il a déjà été condamné pour corruption".

"La société civile reste à une certaine distance de Nalvany", nuance-t-il. "Mais il a une force et une puissance de mobilisation que l'on a vues dimanche. Et puis il est est un peu la dernière personnalité visible de l'opposition. Mais au-delà de sa biographie, ce qui est inquiétant, c'est le peu d'espace qu'il y a pour l'opposition en Russie", ajoute le militant.