"Tant que l'Assemblée nationale sera hors la loi, les compétences parlementaires seront exercées directement par la chambre constitutionnelle (de la Cour suprême)", selon la décision publiée par la plus haute juridiction du pays dans la nuit de mercredi à jeudi.
A la suite de cette décision, le président du Parlement Julio Borges a accusé le chef de l'Etat socialiste Nicolas Maduro de "coup d'Etat", en appelant l'armée à sortir du "silence" face à la rupture de l'ordre constitutionnel. "C'est une dictature", a-t-il dit.
Tous les votes du Parlement annulés depuis un an
La Cour suprême vénézuélienne est accusée par l'opposition de servir le gouvernement Maduro. Or ce sont justement les opposants au pouvoir en place qui contrôlent actuellement le Parlement.
La Cour suprême avait déclaré le Parlement hors la loi en janvier 2016, et a depuis déclaré nuls tous les votes du Parlement, en réaction à l'investiture de trois députés anti-chavistes malgré les soupçons entourant leur élection.
agences/ptur
"Dictature" dénoncée
L'Unité démocratique, organisation qui fédère plusieurs groupes d'opposition, a dénoncé la décision "anticonstitutionnelle" de la Cour suprême, y voyant "un nouveau pas vers le démantèlement de la démocratie au Venezuela" et une réplique de la fermeture du Congrès ordonnée en 1992 au Pérou par Alberto Fujimori, alors président. "Le gouvernement est en train de mourir, c'est la raison pour laquelle il a recours à de telles mesures désespérées", ajoute la coalition.
Le secrétaire général de l'Organisation des Etats américain (OEA), Luis Almagro, a jugé que le gouvernement Maduro avait mené un "auto-coup d'Etat" et porté un "coup final par lequel le régime subvertit l'ordre constitutionnel du pays et en finit avec la démocratie". Il a sollicité la convocation d'une réunion d'urgence du conseil permanente de l'OEA pour discuter de la situation au Venezuela.
Escalade dans la crise politique
Cette décision traduit une escalade supplémentaire dans la crise politique qui agite ce pays pétrolier depuis la large victoire de l'opposition antichaviste (du nom de l'ancien président Hugo Chavez, 1999-2013) aux élections législatives fin 2015, pour la première fois en 17 ans.
Outre le choc des pouvoirs au Venezuela, ce pays parmi les plus violents au monde est frappé par une pénurie qui concerne 68% des produits de base et l'inflation y est devenue incontrôlable (1.660% fin 2017, prédit le FMI).