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Inquiétude internationale après le "coup d'Etat" judiciaire au Venezuela

Une étudiante qui s'oppose au gouvernement de Nicola Maduro, lors d'une manifestation à Caracas, le 30 mars 2017. [AFP - Juan Barreto]
"Répression." Une étudiante qui s'oppose au gouvernement de Nicola Maduro, lors d'une manifestation à Caracas, le 30 mars 2017. - [AFP - Juan Barreto]
Une pluie de critiques s'est abattue sur le président Nicolas Maduro, accusé de "coup d'Etat" au Venezuela après la décision jeudi de la Cour suprême, réputée proche du pouvoir, de s'octroyer les pouvoirs du Parlement.

C'est une véritable tempête. De l'Union européenne au secrétaire général de l'Organisation des Etats américains, Luis Almagro, en passant par les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, l'Argentine, la Colombie, le Chili, le Guatemala, Panama ou le Mexique, tous ont condamné la "rupture de l'ordre constitutionnel" ou le "coup d'Etat" judiciaire au Venezuela.

Jeudi, la Cour suprême vénézuélienne a en effet décidé de s'octroyer les pouvoirs législatifs. "Tant que l'Assemblée nationale sera hors-la-loi, les compétences parlementaires seront exercées directement par" la Cour suprême, a décidé la plus haute juridiction du pays. Exécutif, armée, justice et législatif: le régime présidentiel vénézuélien concentre désormais tous les pouvoirs.

>> Lire aussi : La Cour suprême du Venezuela s'octroie les pouvoirs du Parlement

Sans séparation des pouvoirs, pas de démocratie

Le Pérou a rappelé son ambassadeur à Caracas. Un porte-parole du département d'Etat américain a dénoncé un "grave recul" pour la démocratie au Venezuela. "Sans séparation des pouvoirs, la démocratie est brisée. Pour la liberté, la démocratie et l'Etat de droit au Venezuela", a renchéri le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy sur Twitter.

Depuis janvier 2016, le Tribunal suprême de justice, dite Cour suprême, a déclaré nuls tous les votes de l'Assemblée nationale, en réaction à l'investiture de trois députés antichavistes dont l'élection était entachée de soupçons. Elle n'a cessé depuis de rogner le pouvoir des législateurs.

"Exercer" leurs fonctions, malgré tout

"Une dictature règne" au Venezuela, dénonce l'opposant Henrique Capriles. Exilé en Colombie, il a lancé un appel à la communauté internationale: "le moment est venu de crier à l'aide."

De son côté, le député d'opposition Henry Ramos Allup, également ancien président du Parlement unicaméral de ce pays, a appelé les parlementaires à "continuer à exercer [leurs] fonctions, quels que soient les risques". "Nous n'avons pas été désignés députés mais nous avons été élus", a-t-il insisté.

Avant sa décision de jeudi, la Cour suprême avait déjà privé mardi les députés de leur immunité, les exposant à de possibles procès pour haute trahison devant des instances militaires.

"No comment" de Nicolas Maduro

Seule la Bolivie du président de gauche Evo Morales a défendu Nicolas Maduro.

Le chef de l'Etat vénézuélien s'est brièvement exprimé à la télévision d'Etat en recevant des diplomates sans toutefois faire de commentaire sur la situation.

>> Sujet traité dans les journaux horaires du 31 mars sur RTS La Première

ta avec agences

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Réunion à Washington

Le 21 mars, les députés vénézuéliens avait adopté une motion appelant l'Organisation des Etats américains à convoquer son conseil permanent pour examiner d'éventuelles sanctions contre ce pays.

Cette réunion qui se tenait mardi à Washington a débouché sur une déclaration commune où la majorité des pays de l'institution ont exprimé leur "inquiétude devant la difficile situation politique, économique, sociale et humanitaire" du Venezuela.

Pénurie de produits de base

Outre le choc des pouvoirs au Venezuela, ce pays parmi les plus violents au monde est frappé par une pénurie qui concerne 68% des produits de base et l'inflation y est devenue incontrôlable (1.660% fin 2017, prédit le FMI).