En 2011, le gouvernement danois lance un plan national et investit des millions de francs de subventions dans les initiatives visant à réduire le gaspillage. En 2015, la chaîne de supermarché danoise Wefood est inaugurée en grande pompe. Le gouvernement et même la princesse du Danemark sont présents.
Wefood est bâtie sur un principe précis: commercialiser à bas prix les invendus de la grande distribution. C'est une première avancée dans la lutte contre le gaspillage de nourriture.
Des applications contre le gaspillage
Depuis, les applications mobiles ont pris de plus en plus d'importance. Sebastian Duelholm, rencontré sur un des plus grands marchés couverts de la capitale, est l’un des deux fondateurs de l’application mobile Your Local. Téléchargée par 85'000 personnes depuis son lancement, elle doit aider les restaurateurs à valoriser les invendus au lieu de les jeter à la poubelle.
Pour les restaurateurs, l’outil est très simple à utiliser. "Quand nous avons des salades qui nous restent, je peux l'écrire dans l’application, cela prend juste quelques secondes", explique l'employé d'un bar à salade de la capitale danoise. Les utilisateurs de Your Local sont alors avertis de l'offre du restaurateur.
Sebastian fait le tour des commerçants pour leur proposer d'adhérer à son modèle. Selon ses dires, les résistances sont assez faibles. "Quand on explique l’enjeu de ce que nous faisons, les gens réagissent de manière très positive".
Du jambon gratuit
Le projet ne se limite pas aux restaurateurs, les grandes surfaces sont aussi dans le viseur. Les supermarchés sont encore plus concernés, "ils gaspillent de plus gros volumes que les restaurants, on parle de tonnes de nourriture". Ainsi, le jour de notre visite, une grande chaîne offrait sur l'application du jambon bio et... gratuit.
Pour en arriver à ce symbole fort de lutte contre le gaspillage, il a fallu une politique globale permettant à des applications comme Your Local de grandir rapidement. A la base, il s'agissait simplement d'une chaîne de SMS lancée par deux amis pour récupérer les invendus de la boulangerie de leur quartier. Deux ans plus tard, ils sont une dizaine d'employés, ont remporté plusieurs prix pour les start-up innovantes et touchent des subventions de l’Etat.
Pour Sebastian Duelholm, le facteur déterminant reste toutefois le changement des mentalités. Selon lui, "ce sont les gens, chez eux, qui doivent devenir plus efficaces avec le gaspillage alimentaire".
La Suisse gaspilleuse
Claudio Beretta, chercheur à l’Université de Zurich, est l’auteur d’une thèse universitaire qui fait référence sur le gaspillage en Suisse. Son évaluation des quantités de nourritures gaspillées en Suisse donne le vertige: deux millions de tonnes par année.
La Suisse est l'un des moins bons élèves d'Europe, loin de l’engagement politique fort du Danemark. Les projets sont modestes. Du côté de Coop et de Migros, on cède une partie des marchandises invendues à des organisations comme Table Suisse qui distribuent cette nourriture aux institutions d’aide sociale.
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Marc Gagliardone