Lors du deuxième débat télévisé de la présidentielle, qui réunissait les onze candidats en lice, trois principaux thèmes ont été abordés: l'emploi, la sécurité et le modèle social proposé par chaque candidat.
Le débat s'est d'abord focalisé sur la question de l'emploi: comment créer de nouvelles places de travail? Un à un, les candidats ont détaillé leurs plans.
Le candidat Les Républicains François Fillon a notamment expliqué qu'il proposait "de la liberté pour les entreprises et de diminuer de 40 milliards les charges qui pèsent sur celles-ci".
Philippe Poutou, représentant du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), a pour sa part affirmé qu'il fallait "reprendre ce que les capitalistes ont piqué aux salariés", avant de pointer du doigt "les politiciens corrompus qui se reconnaîtront dans la salle".
Le socialiste Benoît Hamon a quant à lui fait valoir son revenu universel, qui permettrait de créer "un million d'emplois sur le quinquennat".
"Le nationalisme, c'est la guerre"
Mais la question de l'emploi s'est vite transformée en joute pour ou contre l'Europe. Les candidats, pour la plupart eurosceptiques, ont montré leurs divisions sur les bienfaits ou les méfaits de cette dernière. "Tous les traités européens nous cadenassent", a estimé le candidat de l'Union populaire républicaine François Asselineau.
"L'organisation de l'Europe favorise la surexploitation. Il faut sortir des traités européens", a renchéri Jean-Luc Mélenchon.
Chantre du protectionnisme, le leader de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan a pris à partie son concurrent d'En marche et favori des sondages Emmanuel Macron, qui affirmait "avoir l'Europe au coeur": "Je voudrais dire que Monsieur Macron est très clair: il veut maintenant la concurrence déloyale au coeur de notre pays. Dans le cadre des traités actuels, il est impossible de créer des emplois en France. Il faut changer de cadre sinon elle crèvera à petit feu."
La Suisse a des droits de douane agricoles de près de 55%. C'est un pays qui va très bien, mieux que nous.
Interrogée sur son "protectionnisme intelligent", la candidate du Front national Marine Le Pen a défendu son projet, expliquant que "l'intégralité ou presque des pays du monde protègent leur propre production. Je vous rappelle que la Suisse a des droits de douane agricoles de près 55%, la Corée du Sud de 41%. Et ces pays vont très bien, beaucoup mieux que nous, il faut parler aux agriculteurs de temps en temps Monsieur Macron."
"La nationalisme c'est la guerre. Moi je viens d'une région qui est pleine de ces cimetières", a rétorqué l'ex-ministre de l'Economie à la dirigeante du Front national, reprenant la célèbre phrase prononcée par François Mitterrand au soir de sa vie, en 1995.
"Faire le pari de la construction européenne"
Benoît Hamon s'est pour sa part présenté comme le défenseur de l'Europe et a agité les risques encourus en cas de sortie de l'euro. Il a affirmé "vouloir continuer à faire le pari de la construction européenne. Mais je ne veux pas me résoudre à la politique austéritaire de l'Allemagne".
Il est important de bâtir une monnaie européenne qui puisse concurrencer la suprématie du dollar.
A son tour interrogé sur sa vision de l'Europe, François Fillon a expliqué qu'il était important de "bâtir une monnaie européenne qui puisse concurrencer la suprématie du dollar et celle à venir de la devise chinoise. C'est une priorité absolue pour assurer la souveraineté de l'Europe, et à travers cela notre souveraineté nationale".
"Nous, ouvriers, on n'a pas d'immunité ouvrière"
Interrogé sur la moralité en politique plus loin dans le débat, le syndicaliste Philippe Poutou n'a pas hésité à attaquer François Fillon et Marine Le Pen.
"Question moralité politique, on est servi depuis quelque temps! Fillon, il est en face de moi, plus on fouille, plus on sent la corruption, la triche. En plus ce sont des bonhommes qui nous expliquent qu'il faut la rigueur, et ils piquent dans les caisses", a lancé le candidat du NPA.
Celui-ci s'en est aussi pris à Marine Le Pen en l'attaquant sur l'immunité parlementaire. "Et le pire, c'est que le FN qui se dit anti-système, ne s'emmerde pas du tout, il se protège avec les lois du système, l'immunité parlementaire, et refuse de se rendre aux convocations policières", a-t-il précisé.
Répondant ensuite à une ironie de la candidate du Front national sur le fait qu'il était "pour la police sur ce coup-là", Philippe Poutou a rétorqué: "Nous quand on est convoqué par la police... Nous, ouvriers, on n'a pas d'immunité ouvrière. Désolé on y va."
kg/ctr
Jean-Luc Mélenchon jugé le plus convaincant
Jean-Luc Mélenchon a été jugé le candidat à la présidentielle le plus convaincant lors de ce premier débat télévisé à 11, avec 25%, devant Emmanuel Macron (21%), puis François Fillon (15%) et Marine le Pen (11%), selon un sondage Elabe pour BFM TV.
Arrivent ensuite Benoît Hamon (9%), Nicolas Dupont-Aignan et (6%) Philippe Poutou, qui s'est fait remarquer avec ses tirades contre Marine le Pen et François Fillon sur les affaires judiciaires (5%).
Le sondage a été réalisé auprès d'un échantillon de 1024 téléspectateurs âgés de 18 ans et plus, par internet en fin d'émission.
Participation de tous les candidats à l'élection, une première
Le premier débat n'avait réuni que les cinq principaux candidats à l'élection présidentielle: la présidente du Front national, Marine Le Pen, l'ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron, l'ancien Premier ministre François Fillon (Les Républicains), le socialiste Benoît Hamon de même que son rival de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.