Réunis en séance plénière à Strasbourg, les eurodéputés ont adopté à une large majorité, 516 voix pour et 133 contre, une résolution fixant plusieurs "lignes rouges" pour ces négociations.
La résolution du Parlement souligne que le Royaume-Uni devra respecter tous les engagements financiers qu'il a contractés comme Etat-membre, une facture qui pourrait s'établir entre 55 et 60 milliards d'euros.
"Nous ne chercherons jamais à punir le Royaume-Uni, nous lui demanderons simplement de payer ce à quoi il s'est engagé en tant qu'Etat membre, nous devons simplement solder ses comptes, ni plus ni moins", a plaidé le négociateur en chef de l'UE pour le Brexit, Michel Barnier, répondant aux accusations, notamment du député europhobe Nigel Farage (lire encadré).
Les termes du divorce d'abord
La résolution insiste également pour que les termes du divorce soient fixés avant qu'un nouvel accord déterminant les relations entre le Royaume-Uni et l'UE soit conclu, contrairement au souhait de la Première ministre britannique Theresa May.
"Plus tôt nous nous mettrons d'accord sur les principes d'un retrait ordonné (du Royaume-Uni), plus tôt nous pourrons préparer nos futures relations", a argué Michel Barnier.
Le texte du Parlement prévoit que des discussions sur des "dispositions transitoires" pourront commencer pendant la période de deux ans prévue pour les négociations si "des progrès tangibles" sont réalisés en direction d'un accord de retrait.
Protéger les citoyens
La résolution appelle aussi à protéger les droits des trois millions de ressortissants européens qui résident au Royaume-Uni et du million de Britanniques qui habitent dans des pays de l'UE.
Plusieurs eurodéputés ont aussi tenu à avertir les Britanniques qu'une "approche à la carte" était inenvisageable et l'appartenance au marché unique possible seulement en échange de la libre circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes.
ats/jgal
L'europhobe Nigel Farage évoque "une demande de rançon"
Le débat dans l'hémicycle a donné lieu à un affrontement lorsque l'ex-dirigeant du parti britannique UKIP, l'europhobe Nigel Farage, a traité l'UE de "mafia" et ses membres de "gangsters". "Inacceptable", a rétorqué le président du Parlement européen Antonio Tajani.
"On nous adresse une demande de rançon!", a tonné Nigel Farage, arborant des chaussettes aux couleurs de l'Union Jack, avant d'ajouter: "Ce n'est pas nous qui souffrirons (du Brexit). On n'est pas tenu de boire du vin français, d'acheter des voitures allemandes ou de manger des chocolats belges, on reviendra aux tarifs douaniers et cela mettra en péril les emplois de milliers de personnes travaillant dans l'Union européenne!"
Situation compliquée pour les Etats tiers, dont la Suisse
Didier Burkhalter a rencontré mercredi son homologue britannique Boris Johnson à Bruxelles, en marge de la conférence sur la Syrie. Les deux hommes ont discuté des futures relations entre la Suisse et le Royaume-Uni après le Brexit. La situation est compliquée pour les Etats tiers.
Dans le cadre de sa stratégie "mind the gap", le Conseil fédéral veut trouver une solution rapide pour régler les relations entre les deux pays, notamment dans le domaine commercial, à partir du moment où le Royaume-Uni aura quitté l'Union européenne. Car actuellement, ces relations sont régies par les accords conclus entre la Suisse et l'UE.
"Pour le moment, nous sommes dans une phase informelle, exploratoire", a rappelé Didier Burkhalter devant la presse à Bruxelles. Cela est dû au fait que le Royaume-Uni ne peut pas conclure d'accord avec des Etats tiers tant qu'il est membre de l'UE.