"Salutaire, le coup de projecteur sur la famine ne doit pas être éphémère"

"Il faut se méfier des effets d'annonce médiatiques qui risquent non seulement d'occulter les autres problèmes, mais aussi de proposer une solution trop éphémère."

Médecin et vice-président d'Action contre la faim, Pierre Micheletti revenait vendredi dans le Journal du matin sur le récent appel de l'ONU à trouver 4,4 milliards de dollars supplémentaires pour lutter contre "la pire crise alimentaire depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale".

>> Lire : L'ONU a besoin de 4,4 milliards de dollars contre les famines

Pour lui, "ce coup de projecteur est salutaire pour permettre une réaction précoce pour éviter d'atteindre une situation encore plus dramatique" dans les quatre pays cités que sont le Nigeria, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen.

Collaboration avec les nouvelles puissances

"Mais il ne faut pas oublier que la crise alimentaire touche d'autres pays comme l'Afghanistan ou la Libye. En ce sens, il est indispensable d'intégrer de nouveaux acteurs" dans ces missions de soutien.

Pierre Micheletti relève en effet que l'aide humanitaire provient en majorité des pays occidentaux, ce qui ne correspond plus à l'équilibre réel du monde. "Maintenant, de nouvelles puissances comme le Brésil, la Chine ou l'Afrique du Sud ont émergé et doivent prendre leurs responsabilités. De même, il faut se tourner vers des acteurs locaux" plus aptes à pérenniser l'aide.

Les conflits comme cause de famine

Au niveau local, le vice-président d'Action contre la faim souligne la "faible capacité ou volonté des gouvernements à jouer un rôle de régulation".

>> Ecouter le sujet sur les conflits armés comme cause de la crise humanitaire en Afrique :

AP Photo/Jason Patinkin

"Les dysfonctionnements et la rivalité humaine créent des situations de préfamine, qui s'aggrave ensuite avec les conditions climatiques."

"La sécheresse provoque une baisse de la rentabilité agricole, une disparition des nouvelles semences que les populations utilisent pour se nourrir au lieu de les cultiver et des tensions tribales avec le déplacement des pasteurs avec leurs troupeaux sur des territoires occupés par des paysans sédentaires", résume Pierre Micheletti.

>> Ecouter le reportage sur la sécheresse au Kenya :

AP/Keystone - Ben Curtis

vkiss