"Et le foyer de la honte, c'est François Fillon et Marine Le Pen", leur déni de réalité alors qu'ils sont mis en examen, leur aplomb lorsqu'ils accusent le système, estime l'auteur de "La Honte, réflexions sur la littérature".
Certes, poursuit Jean-Pierre Martin, on ne peut pas leur reprocher "de ne pas avoir du cuir, mais il y a une part qui déborde, où les digues morales sautent. Ne pas assumer le sentiment de la honte, c’est se sentir au-dessus de la condition humaine."
Les champions hors catégorie
Jean-Pierre Martin décrit les champions hors catégorie que sont Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, Silvio Berlusconi ou encore Donald Trump. Pas l’ombre d’une excuse, une arrogance en acier inoxydable.
Certes, François Fillon n’hésite pas à attaquer le système, les médias, un sourire un rien arrogant sur les lèvres, mais "il a tergiversé, il a eu un tremblement". Il a esquissé de timides excuses.
Doit-on pour autant être plus indulgent? "Pas du tout", commente Jean-Pierre Martin. Et d’analyser le candidat de la probité: "tantôt, il raccroche le wagon de vertu, tantôt il éprouve de l’envie pour une Marine Le Pen. Ce fils de notaire catholique n’était pas préparé à ça.".
Le verdict des urnes
Tous les candidats se soumettent au verdict des urnes. "Leur corps est exposé, mis en vitrine, les petites phrases sont sur tous les écrans", détaille Jean-Pierre Martin. "Ce à quoi on assiste, c'est au détournement terrible de tous les types de sentiments".
Et de citer l'auteur polonais Witold Gombrovicz: "l’homme dépend très étroitement de son reflet dans l'âme d'autrui, fut-elle celle d’un crétin". Ou celle d'un électeur.
Manuela Salvi