Pour sa première visite en Russie depuis son entrée en fonction début février, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a rencontré pendant plusieurs heures son homologue russe Sergueï Lavrov puis Vladimir Poutine, cette deuxième rencontre n'étant initialement pas prévue.
"Il y a un faible niveau de confiance entre nos deux pays. Les deux plus grandes puissances nucléaires ne peuvent pas avoir ce genre de relations", a déclaré Rex Tillerson lors d'une conférence de presse commune avec le ministre russe des Affaires étrangères.
"Malgré tous les problèmes existants, il existe des perspectives considérables pour travailler ensemble", a assuré Sergueï Lavrov.
"La Russie (...) est ouverte au dialogue avec les Etats-Unis dans tous les domaines et pas seulement au dialogue, mais à des actions communes en vue d'arriver à des résultats dans tous les domaines où cela répond aux intérêts de nos deux pays", a-t-il poursuivi.
Désaccord sur l'attaque chimique et l'avenir d'Assad
Les responsables de la diplomatie des deux puissances ont surtout montré qu'ils étaient en désaccord complet sur l'essentiel: la responsabilité du régime syrien dans l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun le 4 avril, et l'avenir de Bachar al-Assad.
Rex Tillerson a prôné le départ "organisé" du président syrien tandis que son homologue russe insistait sur les précédents chaos créés par des départs de "dictateurs".
Rare signe de détente lors de ces discussions, "le président Poutine a confirmé être prêt à rétablir" l'accord de prévention des incidents aériens en vigueur en Syrie jusqu'à la frappe américaine contre une base aérienne du régime de Damas, a indiqué Sergueï Lavrov.
Rex Tillerson a également indiqué que Moscou et Washington mettraient en place "des groupes de travail sur des plus petits problèmes (...) afin qu'on puisse s'occuper des problèmes plus sérieux".
Des relations "pires" sous Trump que sous Obama
Quelques heures avant de recevoir le responsable américain, Vladimir Poutine avait déclaré que les relations entre Moscou et Washington étaient désormais à un niveau pire qu'à l'époque de la présidence de Barack Obama.
Les deux pays sont lancés ces derniers jours dans une guerre des mots au sujet de l'attaque de Khan Cheikhoun et après la volte-face du président américain, qui a ordonné le premier bombardement de l'armée syrienne depuis le début du conflit il y a six ans.
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agences/tmun
Critiques américaines du soutien russe à Assad
Les responsables américains s'étaient succédé mardi pour critiquer le soutien sans faille de la Russie au président syrien Bachar al-Assad. Le secrétaire à la défense Jim Mattis a estimé qu'il n'y avait "pas de doute" sur le fait que le régime de Damas était responsable de l'attaque chimique présumée du 4 avril, qui a fait 87 morts dans la province rebelle d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.
Vladimir Poutine a, lui, répété une nouvelle fois mardi qu'il ne voyait aucun élément prouvant la responsabilité de Damas. La Russie se tient à une ligne: il faut regarder du côté des rebelles, l'armée syrienne ne disposant plus d'armes chimiques depuis le démantèlement de son arsenal sous supervision internationale.