Le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué dimanche soir la victoire du oui au référendum renforçant ses pouvoirs, la qualifiant de décision "historique" lors d'un discours à Istanbul. Il a appelé les pays étrangers à "respecter la décision de notre nation". Dans la foulée, Recep Tayyip Erdogan s'est dit prêt à organiser un référendum sur le rétablissement de la peine de mort.
Le Premier ministre Binali Yildirim a également revendiqué la victoire, lors d'un discours depuis le quartier-général de son parti, l'AKP, à Ankara. "Le Turquie ouvre une nouvelle page de son histoire démocratique", a déclaré le chef du gouvernement devant les partisans de la réforme.
51,4% de oui
En fin de soirée, le Haut-Conseil électoral (YSK) a confirmé que le référendum était accepté. Son chef a affirmé que le oui devançait le non de quelque 1,25 million de voix, alors qu'il reste seulement 600'000 bulletins de vote à dépouiller. Il a ajouté que le résultat définitif serait annoncé "d'ici à 11 ou 12 jours".
Après dépouillement de 99% des bulletins de vote, le oui est en tête avec 51,4%, contre 48,6% pour le non, selon des résultats quasi définitifs publiés par l'agence Anadolu. Les premiers résultats donnaient une large victoire du oui, mais plus le dépouillement a avancé, plus l'écart s'est resserré.
Non des grandes villes
Les chiffres cités par l'agence montrent que le oui recueille de forts suffrages en Anatolie centrale tandis que le non domine dans les régions côtières proches de la mer Egée et dans le Sud-Est à majorité kurde, ainsi que dans les trois plus grandes villes du pays Istanbul, Ankara et Izmir. Le taux de participation s'élève à 86%, selon la chaîne Haberturk.
La réforme, présentée sous la forme de dix-huit amendements à la Constitution, prévoit notamment la suppression du poste de Premier ministre, la possibilité pour le président de dissoudre le Parlement et de prendre certains décrets.
L'opposition dénonce "des manipulations"
Les deux principaux partis d'opposition ont dénoncé des "manipulations" et indiqué qu'ils feraient appel du résultat. Le Parti républicain du peuple (CHP) va demander un nouveau décompte de jusqu'à 60% des bulletins, a annoncé son vice-président. Le HDP (prokurde) a lui fait savoir qu'il allait contester les votes provenant de "deux tiers" des urnes.
Un peu plus tôt, le CHP a protesté contre une décision de la commission électorale (YSK) d'accepter les bulletins non tamponnés par les scrutateurs, à moins qu'il soit prouvé qu'ils sont frauduleux. L'YSK a expliqué que de nombreux électeurs s'étaient plaints que leurs bulletins n'avaient pas été tamponnés.
Selon les opposants, la modification à la dernière minute des règles électorales remet en cause la légitimité du référendum.
Division au sein du pays
Le référendum a profondément divisé le pays. Recep Tayyip Erdogan et ses partisans faisaient valoir qu'il est nécessaire de modifier la Constitution pour affronter les enjeux sécuritaires auxquels est confrontée la Turquie.
Les opposants au projet disaient craindre une dérive autoritaire du pays où quelque 40'000 personnes ont été arrêtées et 120'000 limogées dans le cadre de la répression qui a suivi le coup d'Etat manqué de juillet dernier.
vtom avec agences
Les Turcs de Suisse rejettent le référendum
Les Turcs de la diaspora ont voté à 59,09% en faveur de la réforme, selon des résultats partiels publiés dimanche par l'agence Anadolu. Leurs compatriotes de Suisse ont fait le contraire. Selon ces chiffres, le oui n'a obtenu que 38,08% des voix en Suisse.
A l'inverse, en Allemagne, où la diaspora turque est très importante, 63,1% des votants ont accepté le texte renforçant les pouvoirs du chef de l'Etat turc.