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Eliminé de la présidentielle, François Fillon devra affronter la justice

François Fillon au soir du premier tour de l'élection présidentielle française. [AFP - Benjamin Mengelle]
François Fillon au soir du premier tour de l'élection présidentielle française. - [AFP - Benjamin Mengelle]
François Fillon va désormais devoir faire face à ses déboires judiciaires en France: après son élimination de la présidentielle, rien n'empêche la poursuite des investigations le visant dans l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs de son épouse.

Faute de s'être qualifié pour le second tour, François Fillon a perdu toute chance d'être protégé par l'immunité totale dont bénéficie le chef de l'État français en exercice, qui aurait empêché toute nouvelle convocation par les juges d'instruction pendant son mandat.

Actuellement député, il a annoncé lundi ne pas se sentir légitime pour mener le combat à venir des législatives (11-18 juin) et vouloir "redevenir un militant de coeur" de son parti.

L'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a été le premier candidat majeur d'une élection à être inculpé pendant une campagne présidentielle: le 14 mars, il s'est vu signifier par les juges les charges retenues contre lui, notamment "détournement de fonds publics" et "recel d'abus de biens sociaux".

La carte détaillée du premier tour de la présidentielle française

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L'enquête va se poursuivre

L'emploi de son épouse Penelope comme assistante parlementaire - de 1986 à 2013 avec des interruptions -, révélé fin janvier par l'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné, est au coeur de l'affaire qui a bouleversé toute la campagne.

"L'enquête a jusqu'ici été menée au pas de charge, il n'y a pas de raison pour que les investigations ne se poursuivent pas à un rythme soutenu à l'encontre de l'ex-Premier ministre", relevait lundi une source proche du dossier.

Lors de son premier rendez-vous avec les juges, François Fillon avait refusé de répondre aux questions, se contentant de lire une simple déclaration, invoquant le "calendrier" judiciaire, "en plein coeur de la campagne présidentielle", et défendant aussi la réalité de l'emploi de son épouse.

680'380 euros touchés par Penelope de 1986 à 2013

"Une nouvelle audition va permettre de l'interroger sur le fond", a relevé la source proche du dossier, rappelant que Penelope Fillon avait été entendue "pendant plus de douze heures avant sa mise en examen" le 28 mars.

Les enquêteurs s'interrogent en particulier sur la réalité des emplois de la discrète épouse, comme collaboratrice parlementaire auprès de son mari, puis de son suppléant à l'Assemblée Marc Joulaud, de 1986 à 2013, pour 680'380 euros nets d'émoluments au total, payés sur les deniers publics.

Comme le site d'information en ligne Mediapart l'a révélé il y a deux semaines, "Penelope Fillon a été rémunérée dès 1982 par son époux pour des missions à l'Assemblée", d'après la source proche du dossier, mais "l'enquête ouverte par le parquet national financier ne porte pas à ce stade sur cette période".

Abus de biens sociaux, escroquerie aggravée et trafic d'influence

Les investigations portent aussi sur deux des enfants du couple, Marie et Charles, embauchés comme assistants de leur père de 2005 à 2007 lorsqu'il était sénateur. Et sur de possibles abus de biens sociaux alors que Penelope Fillon a été employée de mai 2012 à décembre 2013 dans une revue littéraire, propriété de l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière, un proche de l'ancien Premier ministre.

Le PNF a élargi le 16 mars son enquête à des soupçons d'escroquerie aggravée et de trafic d'influence.

Concernant l'escroquerie, les enquêteurs se demandent si le couple n'a pas cherché à minimiser la durée du travail censé avoir été effectué par Penelope Fillon à la Revue des deux mondes alors qu'elle était, de juillet 2012 à novembre 2013, salariée du magazine et assistante parlementaire de son mari, deux emplois rémunérés à temps plein.

L'affaire des costumes

Les soupçons de trafic d'influence portent, eux, sur des costumes offerts au candidat Fillon par l'un de ses amis, l'avocat Robert Bourgi, figure des réseaux français en Afrique. A ce jour, hormis le couple Fillon - dont les avocats n'ont pas souhaité s'exprimer-, seul Marc Joulaud a été mis en examen.

afp/jc

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