D'emblée, le débat a viré au pugilat. Un spectacle? Même pas. "Un spectacle, c'est agréable, là c'était désagréable", observe Dominique Wolton, invité jeudi du Journal du matin sur RTS la Première. "Quand il y a un désaccord violent à ce point-là, ce n'est même pas un débat. Il faut une confiance mutuelle et un minimum d'arguments raisonnables", poursuit le sociologue des médias.
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Pour Dominique Wolton, l'une était "toujours dans une logique d'accusation et tout le temps tournée vers le passé", tandis que l'autre "se transformait un peu en professeur" et "était la plupart du temps sur la défensive".
"Logiques d'extrême droite"
Le vernis de la dédiabolisation opérée par Marine Le Pen lors de son arrivée à la tête du Front national s'est effrité sur le plateau de TF1 et France 2. "Toujours attaquer la personne, toujours faire des attaques ad hominem, toujours faire des procès d'intention, toujours mentir, ce sont des logiques d'extrême droite qu'on avait oubliées", rappelle celui qui a fondé et dirigé l'institut des sciences de la communication du CNRS.
Un autre aspect du débat a frappé Dominique Wolton: la vision "absolument catastrophique" et "décadente" qu'ont de la France les deux candidats. "On a l'impression qu'elle est au bord de la déroute", constate-t-il. Et de s'interroger: "Mais alors c'est quoi pour 90% des autres pays du monde?"
Tonalité de la catastrophe
Le sociologue dit ainsi ne pas comprendre "pourquoi la politique a besoin d'avoir une vision si catastrophique, si désespérée de l'histoire et du présent". Peut-être parce que cette "tonalité de la catastrophe" permet ensuite à "un sauveur" d'émerger.
Le débat a-t-il changé la donne? "Je ne suis pas sûr que ça ait changé fondamentalement le choix des uns et des autres", répond Dominique Wolton. Et celui des électeurs indécis? "On ne peut pas savoir."
Théo Allegrezza