"Il est malaisé de qualifier de 'débat' le pugilat d'hier soir", écrit par exemple Le Figaro. Un "débat brutal, violent de bout en bout", reconnaît Le Monde, évoquant l'échange de "noms d'oiseaux et d'accusations ad hominem".
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et "Ils sont là..." Pourquoi Marine Le Pen s'est lancée dans cette étrange tirade?
"Jamais un débat de l'entre-deux-tours n'aura été aussi vif", souligne pour sa part Le Parisien, qui pointe un gros bémol: "pour le fond des programmes, on reste sur sa faim". "Il y a beaucoup à dire sur les projets d'Emmanuel Macron (...) mais pas comme cela. Pas avec une grosse artillerie qui tire au hasard toujours le même boulet", s'emporte de son côté Libération.
Même son de cloche chez Mediapart pour qui Marine Le Pen a "trumpisé" le débat. Alternant "insinuations, contrevérités et formules chocs", la candidate d'extrême droite a "endossé le costume du premier 'troll' de France", détaille le pure player.
Les deux journalistes critiqués
Certains médias pointent la responsabilité des deux journalistes présents sur le plateau, Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq, pour expliquer la pauvreté du débat sur le fond. Selon Le Monde, les chefs des services politiques de TF1 et France ont "discrètement disparu du débat" face à "deux bêtes de scènes, surentraînées".
Les "fake news et intox" disséminées par Marine Le Pen n'ont pas été corrigées, reproche Mediapart, qui parle de "journalistes transparents".
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"Mais où sont les journalistes?", se demande pour sa part L'Express, qui va même jusqu'à tweeter une "alerte enlèvement". Nathalie Saint-Cricq a par ailleurs fait l'objet de nombreux gazouillis sur le réseau social mercredi soir, les internautes se partageant entre élan de sympathie et moqueries.
Les quotidiens suisses face au "pugilat"
En Suisse, Le Temps parle sans hésiter du débat "le plus violent de la Ve république". Tout autant déçu que ses confrères français, le quotidien évoque une "forme d'amertume démocratique" après un "duel âpre de personnalités" plutôt qu'un "choc des programmes".
La Liberté choisit elle aussi la métaphore d'un combat de boxe devant un "pugilat verbal en guise de débat". Un affrontement "débridé, haché, confus et hargneux", écrit le quotidien fribourgeois.
"Aucun respect, aucune estime entre les adversaires" n'a été observé mercredi soir, selon 24 heures et la Tribune de Genève.
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Même son de cloche à l'international
Dans le reste du monde aussi, la presse s'étonne du ton des échanges entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Un débat "plus riche en insultes qu'en détails sur leurs politiques", pointe par exemple The Guardian. Le New York Times parle, lui, de "violent combat verbal" lors d'un "débat vicieux".
En Espagne, El Pais estime qu'Emmanuel Macron a "renforcé" sa position après un face-à-face asymétrique entre "l'escrime contre la lucha libre", le "fleuret contre le marteau". Die Welt retient les saillies "anti-allemandes" de Marine Le Pen alors que pour La Repubblica le débat a presque viré à la "rixe".
Fake news et approximations
Les Décodeurs du Monde.fr ont publié une liste liste de 19 intox prononcées par Marine Le Pen durant son débat télévisé avec Emmanuel Macron.
Parmi celles-ci, la candidate d'extrême droite a notamment déclaré que l'économie britannique allait mieux après le Brexit (alors que l'article 50 sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne n'a été officiellement activé que le 29 mars). Marine Le Pen a aussi affirmé que "toutes les grandes entreprises françaises" pouvaient payer en euros de 1993 à 2002 (alors que la monnaie unique ne circulait pas avant 1999) et s'est montrée floue sur l'âge de la retraite.
En direct, elle s'est engagée à rabaisser l'âge de la retraire à 60 ans "d'ici la fin de son quinquennat" en cas d'élection dimanche. Or, comme le lui a fait remarquer Emmanuel Macron, un délai "dans les deux mois" était auparavant évoqué, ce que Marine Le Pen a nié. Toutefois, une vidéo publiée sur le site du Front national le 11 avril dernier montre bien la candidate d'extrême droite classer cette mesure parmi les 10 premières de son mandat.