Son retour à près de 70 ans, à bord d'un convoi de plusieurs centaines de voitures, mitrailleuses en batterie aux portières et sur les toits, consacre l'accord de paix avec le gouvernement de Ashraf Ghani plus de sept mois après sa signature.
Ashraf Ghani a accueilli l'ancien chef de guerre en grande pompe au palais présidentiel.
"La paix peut être atteinte"
"Peu de gens croient aux efforts de paix, et pourtant cette journée démontre clairement à tous qu'avec une volonté sincère, la paix peut être atteinte", a lancé l'ex-moudjahidine anti-soviétique.
Le leader du Hezb-i-Islami, en barbe blanche et traditionnel turban noir, a été salué le long de la route par des centaines de curieux et une foule enthousiaste. Agitant les drapeaux verts du parti et des fleurs rouges en signe de bienvenue, certains chantaient en pachtou "Bienvenue à Kaboul, Honorable Hekmatyar".
Pour ses partisans qui lui ont jeté des roses, il est resté un chef au charisme intact.
afp/tmun
Un accord douloureux pour les habitants de Kaboul
Depuis que son retour en ville était annoncé, de grands portraits de Hekmatyar ont fait leur apparition, rapidement déchirés ou souillés de peinture rouge ou de boue, témoignant à quel point cet accord, qui lui garantit l'impunité, reste douloureux pour une partie des Kaboulis.
Pour beaucoup, il reste à jamais le "boucher de Kaboul" qui a bombardé la ville alors qu'il était Premier ministre au début des années 1990, lui infligeant les pires dommages en 40 ans de guerre: un tiers de la ville fut anéanti et des dizaines de milliers de civils tués. Il est également accusé de nombreux crimes commandités, visant les medias, les ONG et les militants féministes.
Premier contact direct entre Hekmatyar et le gouvernement afghan
Il s'agissait jeudi du premier contact direct entre Hekmatyar et Ashraf Ghani: l'accord de paix avait été signé par visio-conférence en septembre, le chef du Hezb séjournant dans un lieu tenu secret, probablement au Pakistan où il avait trouvé refuge, ainsi qu'en Iran, lors de son exil volontaire à la fin des années 1990.
Pour le gouvernement, cet accord envoie un signe de sa capacité à rallier un opposant armé par la négociation. Depuis son retour, Hekmatyar joue d'ailleurs le jeu: lors de sa première apparition publique le 29 avril à Laghman, à l'est de Kaboul, il a appelé les talibans "rejoindre la caravane de la paix".