Plusieurs dirigeants de l'opposition avaient déjà rejeté l'initiative de Nicolas Maduro de convoquer une assemblée constituante "populaire". Mais ce refus a été confirmé et formalisé dimanche par la Table de l'unité démocratique (MUD), la coalition de l'opposition, qui a annoncé qu'elle ne participerait pas au processus et appellerait ses partisans à le boycotter.
"Nous ne pouvons pas participer à un processus illégal", a déclaré Henrique Capriles, ancien candidat à l'élection présidentielle et principal dirigeant de l'opposition.
"Il existe une Constitution et le gouvernement ne peut pas l'abroger par un acte de force", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse tenue à Caracas avec d'autres responsables de la MUD.
Des modalités jugées illégales
La coalition considère comme illégales les modalités prévues par Nicolas Maduro pour l'élection des membres de l'assemblée constituante. Une partie d'entre eux ne seraient pas désignés au suffrage universel, mais dans des consultations organisées séparément dans divers secteurs de la société.
Pour Henrique Capriles, Nicolas Maduro tente ainsi d'échapper à la convocation d'élections au suffrage universel qu'il perdrait. Selon des sondages, sept Vénézuéliens sur dix souhaitent qu'il quitte le pouvoir. Le pays vit une grave crise politique et économique, durement frappé par les pénuries de produits alimentaires et de médicaments et par une très forte inflation.
Henrique Capriles a indiqué que l'opposition ne se rendrait pas lundi à une réunion sur la constituante convoquée par Elias Jaua, ministre de l'Education et président de la commission présidentielle chargée de préparer le processus.
Une marche prévue lundi
Au lieu d'assister à cette réunion, les opposants tenteront de marcher jusqu'au ministère de l'Education, dans le centre de Caracas, pour exprimer leur refus. Tous ces derniers jours, les rassemblements de l'opposition ne sont jamais parvenus à entrer dans le centre de la capitale en raison d'importants déploiements des forces de sécurité.
Depuis le début de la vague de manifestations qui a commencé le 1er avril, 36 personnes ont été tuées et des centaines blessées, et des centaines d'arrestations ont eu lieu.
afp/jgal
Un projet critiqué par plusieurs pays
Le projet d'assemblée constituante soulève aussi de fortes critiques à l'étranger. Le Mexique, l'Espagne, les Etats-Unis et le Brésil estiment qu'un tel processus de modification de la Constitution requiert le suffrage universel.
Le Chili considère que l'initiative de Nicolas Maduro aggrave la crise, et le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, l'a qualifiée d'"illégale".
Mais Nicolas Maduro a affirmé dimanche qu'il n'avait pas d'autre option que de convoquer une assemblée constituante pour faire face, selon lui, à une "insurrection armée" de l'opposition visant à le chasser du pouvoir.